«Les rapports avec la grande distribution se sont durcis »
Decayeux se positionne sur le marché des objets connectés depuis trois ans. Est-ce un relais de croissance prometteur pour votre entreprise ?
D'une socie?te? de l'objet, nous sommes entre?s dans une socie?te? de l'usage, comme en te?moigne le succe?s d'entreprises comme Blablacar. Cela va nous contraindre a? changer de business model et a? de?velopper de nouveaux services inconnus jusqu'a? pre?sent. C'est le cas avec notre boi?te a? colis, qui re?pond a? l'explosion du e- commerce. Non seulement, les livraisons peuvent e?tre faites 7/7, mais en outre, nous pouvons aussi recueillir de la Data sur le comportement des consommateurs, tre?s utiles pour les entreprises. Je pense que d'ici dix ans, Decayeux ne sera plus seulement une entreprise de production, mais se sera diversifie? dans les services, la logistique, etc. Nous vivons une ve?ritable re?volution.
Concrètement, quels changement cela induit-il dans l'organisation de l'entreprise ?
Cette e?volution de la socie?te? bouleverse nos organisations. De?sormais, le management est de moins en moins pyramidal. Nous travaillons actuellement a? re?inventer ces relations sur une base plus collaborative. Toute l'organisation, y compris en production, doit conduire a? plus de fluidite?, d'agilite?. Gra?ce a? la digitalisation, nous mettons au point des outils permettant de supprimer les barrie?res entre les services, de rendre nos collaborateurs plus autonomes aussi. En adoptant une de?marche de « Lean manufacturing », nous nous adaptons aux nouvelles demandes des clients, comme des petites se?ries personnalise?es par exemple. Ces changements ne sont pas simples a? faire inte?grer aux salarie?s. Il faut les accompagner et de?mythifier les ruptures.
Cette intégration dans la smart economy est-elle selon vous plus difficile pour une entreprise industrielle, historiquement positionnée sur un produit à faible valeur ajoutée?
Il est vrai que ce n'est pas e?vident. La boi?te aux lettres est un produit tre?s norme? sur lequel il est difficile d'innover. Notre objectif a donc e?té de cre?er un environnement autour de la marque Decayeux afin de se diffe?rencier. Le fait d'e?tre une socie?te? franc?aise, familiale constitue un crite?re important, plus qu'il y a dix ans. Nous misons aussi sur le design. Nous avons par exemple travaille? avec l'architecte Jean Nouvel, dont la renomme?e nous a permis de gagner en visibilite? a? l'international. Pour perdurer, il fallait que nous atteignions une taille critique. C'est pourquoi nous avons engage? des pourparlers avec notre concurrent allemand Ju en 2007, que nous avons finalement rachete? en 2011. Cette acquisition a augmente? nos effectifs de 300 salarie?s et notre chiffre d'affaires de 20 millions d'euros supple?mentaires.
Identifiez vous des difficultés propres à une ETI telle que Decayeux ?
Au premier plan, il y a la complexite? administrative et normative franc?aise. Ensuite, je dirais l'e?volution de nos rapports avec la grande distribution. Ils se sont durcis. Il y a vingt ans, nous comptions une dizaine de groupes spe?cialise?s parmi nos clients. Aujourd'hui, avec les concentrations du secteur, ils ne sont plus que quatre. Je suis tre?s militant sur ce point parce que ce de?se?quilibre touche l'industrie, au me?me titre que l'agriculture. Il est la cause de nombreuses difficulte?s que rencontrent ces deux secteurs. Ces difficulte?s sont d'autant plus graves que la classe politique, dans son ensemble, reste malgre? les discours, totalement de?connecte?e de la re?alite? e?conomique.
Recueilli par Guillaume Roussange
Ces articles peuvent également vous intéresser :
Notre re?ve serait d'aboutir a? la valle?e de l'e?colonomie Emmanuel DRUON, POCHECO
A 50 ans, Emmanuel Druon a fait de Pocheco, fabricant d'enveloppes a? Forest-sur-Marque, un labo du de?veloppement durable bien avant l'heure. Une preuve par l'exemple du mariage re?ussi entre la sobrie?te? des ressources, le bien e?tre des salarie?s et la performance e?conomique. Ce qu'il appelle l'e?colonomie est de?sormais une expertise et une cre?ativite? qu'il vend a? travers un bureau d'e?tudes, et qu'il de?fend avec fougue. Rencontre avec un patron vraiment atypique.
Ferroviaire régional: un contrat à 3mds pour Alstom et Bombardier ?
Valenciennois. La SNCF vient décarter le principal concurrent espagnol des deux constructeurs dans la course à lattribution du marché du TER NG. Une perspective encourageante qui n'épargnera pas un trou de charge dans les prochains mois aux deux usines nordistes.
Quand le marche? ne suffit plus, il faut aussi diversifier
Trois questions a?... He?ric Manusset directeur ge?ne?ral de lAssociation des Industries Ferroviaires de Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Passe de?cisive a? la direction du LOSC
Michel seydoux ouvre des « ne?gociations exclusives » avec un homme daffaires hispano-luxembourgeois en vue du rachat du club.