« L'eau va toujours à la rivière »

Constatant que le gros fermier de son village devenait chaque année plus riche, Grand-mère répétait souvent cette maxime tirée du fond des âges.

« L'argent va à l'argent », dirait-on plus prosaïquement de nos jours alors que la mondialisation ne cesse de creuser les écarts entre les in, ceux qui innovent et ont quelque chose à vendre, et les out dont les bras sont toujours trop chers comparés à ceux des Polonais. C'est ainsi que, chaque mois qui passe dans la région, l'écart se creuse entre Lille-Métropole et le bassin ex-minier.

A l'Ouest de Lille, IBM annonce, en Juillet, 300 nouveaux emplois après les 700 déjà promis tandis que Genfit, récemment introduit, cartonne en Bourse. Le même mois, Stora ferme définitivement et licencie 300 ouvriers, derniers survivants d'une formidable aventure industrielle initiée par Ferdinand Beghin en 1928 qui en compta plusieurs milliers ;

A l'Est, OVH et Ankama poursuivent leur fulgurante ascension mondiale.

Au Nord et au Sud, de Cousin Biotech à Anios, de Trato à Trenois, les ETI prospèrent à l'international tandis que nos leaders mondiaux, de Auchan à Oxylane, tissent inlassablement leur toile autour du monde, créant de cinq à dix emplois au siège pour mille ailleurs, sans compter les milliers induits dans les services de haut niveau qui prolifèrent dans l'audit, la finance, l'informatique, la communication...

A l'Ouest, le CHRU. A l'Est, l'EDHEC, les étudiants arrivent de partout et rentrent chez eux avec les souvenirs d'une ville où on s'éclate dans les bars branchés ou assoiffés. Les voilà ambassadeurs d'une métropole où se rencontrent les trois T, chers aux sociologues de San Francisco : Talent, Technology, Tolerance.

Si Valenciennes, Arras et Dunkerque avaient été écoutés dans les années 60, lorqu'ils réclamaient qu'on coupe en quatre l'ONL et le CHR, nous n'aurions eu ni Casadesus ni Eurasanté. Daniel Percheron a bien compris que « big is beautiful ». Voilà pourquoi si son cœur le pousse à créer ex nihilo une métropole bis autour du Louvre-Lens, sa raison l'incite à lancer  le RER pour arrimer le bassin minier à la Métropole, mettre Lens dans le Grand Lille et tirer ainsi profit de la manne tombée de l'économie mondiale.