Le regard dAntoine Petit, Pdg Inria, Auteur de Chercheurs et entrepreneurs : Cest possible !
Comment les choses ont-elles e?volue? de- puis 30 ans ?
Il y a trentaine danne?es, les relations entre le monde acade?mique et le monde industriel ne?taient pas tre?s importantes. Il y a tre?s clairement eu depuis un changement des mentalite?s, et ce des deux co?te?s. Les acade?miques ont compris que lindustriel ne?tait pas le vilain satan et quils pouvaient travailler avec lui. Et in- versement, les industriels ont compris quil y a des compe?tences a? aller chercher du cote? acade?mique. Avec la mondialisation, on sest rendu compte que les industriels internationaux travaillaient beaucoup plus avec les PhD, contrairement a? la France qui valorisait pluto?t les inge?nieurs. Notre pays a aussi une tradition dindustrie lourde et lon nimaginait pas tre?s bien une start-up dans lautomobile, laviation ou le ferroviaire. Avec le changement des mentalite?s et la monte?e en puissance du nume?rique, il y a aujourdhui plus de start-up issues du monde acade?mique.
Sans compter un certain nombre de dispositifs comme la loi Alle?gre de 1999, qui ont vraiment e?te? un signe vers les acade?miques. Elle permet pour les chercheurs qui ont tente? lentrepreneuriat de revenir dans des conditions tout a? fait favorables.
Avance-t-on dans le bon sens ?
Non en ce qui concerne le rapport au risque et a? le?chec. En France, les gens ne prennent pas beaucoup de risques et le?chec est mal consi- de?re?. Aux Etats-Unis, cest beaucoup moins vrai parce que le?chec est vu comme un signe positif dessai. Ici, celui qui sest plante? aura beau- coup de mal a? cre?er une deuxie?me start-up. Cest profonde?ment ancre? dans la mentalite? franc?aise et nous avons encore beaucoup de progre?s a? accomplir.
A-t-on rattrape? notre retard ?
Non car nous avons aussi un proble?me en Europe : largent disponible pour la croissance de ces entreprises. Avec BPI France, nous avons un fonds dultra-amorc?age permettant dinvestir les premiers 300 K dans une entre- prise naissante. Le?tape suivante est relativement facile mais quand vous avez besoin de?norme?ment dargent, cela se complique. En faisant le bilan des 120 cre?ations dentreprises issues dInria, on sest rendu compte que la plupart de nos principales re?ussites ont e?te? rachete?es par de grandes entreprises ame?ricaines. Cela prouve la difficulte? de faire grossir les entreprises.
Bon chercheur rime avec bon patron ?
On trouve de tout mais le plus souvent, les chercheurs sentourent de profils en marketing, en finance... Certains save?rent de bons managers, dautres se rendent compte que ce nest pas leur truc et vont pre?fe?rer se faire accompagner tout en restant directeur scientifique de la boi?te.
Quels conseils donneriez-vous a? de futurs cre?ateurs ?
Le premier serait que le produit nest pas le plus important, ce sont les clients. Vous pouvez avoir une ide?e de ge?nie, sans clients c?a ne sert a? rien ! Les chercheurs ont parfois du mal a? le com- prendre. Au fond, ce sont les usages qui peu- vent transformer lutilisation dun produit. Les techno peuvent parfois e?tre utilise?es dans dautres domaines quinitialement pre?vus. Le chercheur doit ensuite sentourer des bonnes compe?tences : former une e?quipe est essentiel. Il faut ensuite savoir se vendre a? des publics divers, partenaires, investisseurs, et donc e?tre capable dadapter son discours.
Y a-t-il assez de dispositifs pour accompagner les chercheurs ?
Il y en a trop ! On cre?e des dispositifs un peu concurrents et certains nont comme seul objectif que celui dexister. On oublie quils ne devraient e?tre la? que pour une seule cause : la cre?ation de valeurs et demplois. Tout le monde veut son incubateur ou son ac-ce?le?rateur. Ce mikado nest pas toujours source defficacité.
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