Le Nord-Pas-de-Calais veut devenir une terre d'apprentissage

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Textes Sylvain Marcelli

Lille Grand Palais accueillait du 2 au 4 octobre les Euroskills, la grande compe?tition europe?enne des me?tiers. Pas moins de 500 concurrents issus de 24 pays ont confronte? leurs savoir-faire dans les me?tiers manuels et techniques. "Nous allons frapper un grand coup gra?ce a? cet e?ve?nement", se re?jouissait quelques jours avant Christophe Pilch, vice-pre?sident (PS) du conseil re?gional en charge de l'apprentissage. Son objectif : "ame?liorer l'image" de cette voie de formation, dans une re?gion encore a? la trai?ne.
Le Nord-Pas-de-Calais compte aujourd'hui pre?s de 23 000 apprentis. La progression est tre?s nette depuis dix ans. Mais on est encore tre?s loin de l'objectif de 42 000 apprentis fixe? par l'E?tat et la re?gion pour 2015. Re?sultat : les Centres de Formation des Apprentis (CFA) ne sont occupe?s qu'a? 59 %, cumulant pre?s de 15 000 places vacantes.

 

Une rentrée 2014 sous tension
En 2013, le Nord-Pas-de-Calais a maintenu ses recrutements d'apprentis, contrairement au reste de la France (en chute de 8 %). Mais la rentre?e 2014 pourrait e?tre plus complique?e. "Nous craignons un retournement de situation car les employeurs ont retarde? leurs de?cisions d'embauche", avertit Patrick Brunier, de?le?gue? ge?ne?ral du Medef re?gional. La faute a la crise mais aussi, selon l'organisation patronale, aux "signaux ne?gatifs envoye?s depuis deux ans par le gouvernement", a? travers la refonte des aides aux entreprises.
"Aujourd'hui, c'est vraiment complique? pour un apprenti de trouver un contrat parce que les entreprises manquent de perspectives a? long terme", confirme Pierre-Guy Labrousse, responsable des Compagnons du devoir a? Villeneuve d'Ascq. Conscient de ces difficulte?s, le conseil re?gional a de?cide? fin juin d'accorder un coup de pouce supple?mentaire aux employeurs (lire dessous). Quant au gouvernement, il travaille sur un nouveau "plan de relance de l'apprentissage".

 

 

 

 

Convaincre les entreprises
Cette politique de "stop and go" inquie?te les acteurs locaux. Car elle risque de ruiner le travail de fond engage? depuis la signature d'un premier contrat d'objectifs et de moyens E?tat/Re?gion en 2004.
"A? l'e?poque, la re?gion vivait encore au Moyen-A?ge, ose Alain Griset, pre?sident de la chambre re?gionale des me?tiers. Habitue?e a? former des salarie?s dans ses lyce?es professionnels, elle n'avait pas besoin de de?velopper l'apprentissage ou la cre?ation d'entreprises. Heureusement, on n'en est plus la? !" Les pouvoirs publics ont consenti des investissements massifs pour accompagner ce changement : 300 M€ entre 2011 et 2015, dont 190 M€ pour la re?novation des CFA. L'E?tat et la Re?gion financent aussi dans les chambres consulaires des "de?veloppeurs de l'apprentissage", charge?s de de?marcher les employeurs. "Contrairement a? ce que l'on pourrait penser, le besoin d'information est encore tre?s important : beaucoup d'entreprises n'ont jamais eu recours a? l'apprentissage", pointe Fabienne Delabouglise, responsable du service apprentissage a? la CCI Grand Lille.

 

 

 

 

Décalés par rapport au monde du travail
Mais, dans certains secteurs, comme l'industrie (lire ci- contre) ou les me?tiers de bouche, il ne suffit pas de trouver une entreprise "apprenante". Parfois, ce sont les

jeunes qui ne sont pas au rendez-vous. "Le proble?me que nous avons, c'est de trouver des candidats se?rieux et motive?s, confirme Christine Bar, ge?rante d'une entreprise de peinture. Certains jeunes sont parfois un peu de?cale?s par rapport au monde du travail".
Avec 100 000 jeunes inscrits, les missions locales devraient constituer un vivier naturel pour l'apprentissage. Ce n'est pourtant pas le cas. "Il est plus fastidieux de trouver un contrat en alternance pour un jeune sorti du syste?me scolaire sans qualification", regrette Nouria Messaoudi, directrice de la maison de l'emploi et de la mission locale de Tourcoing. Soucieux de lever ces freins a? l'emploi, le conseil re?gional va mobiliser des fonds europe?ens. "Nous allons financer des projets pour aider les jeunes NEET ("ni e?tudiant, ni employe?, ni stagiaire" en anglais) a? rejoindre l'apprentissage", explique Christophe Pilch. Rendez- vous a? la rentre?e 2015 pour voir si ces actions ont porte? leurs fruits.

 

 

 Lire la suite de l'enquête :

 

> Le de?crochage des apprentis, un phe?nome?ne encore me?connu

> Apprentissage - Vrai ou faux ? Petit tour d’horizon des cliche?s

> "La réforme de la taxe d'apprentissage est une menace pour les grandes écoles"

> 8 propositions pour stimuler l'apprentissage

> Industrie cherche apprentis (de?sespe?re?ment)

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