Le Brésil, nouvel eldorado du business ?
Par Armelle Roussel
Le Brésil bouge beaucoup, de plus en plus de personnes ont l'envie et les moyens de consommer. Dans dix ans, il sera trop tard ». Enthousiaste au retour d'une mission de prospection organisée par CCI International à Sao Paulo, Patrice Colin, directeur commercial d'Eurovanille, compte bien obtenir une première commande avant la fin de l'année.
100 millions de nouveaux consommateurs
«Aller au Brésil coûte du temps et de l'argent», prévient Sabine Astruc, conseillère à CCI International. Car pour protéger son industrie, le pays a instauré une cascade de taxes sur les produits importés. «Les prix de la plupart des produits finis sont deux à trois fois plus élevés qu'en France», décode Luis Antunes, vice-président Latin America Arc International et président des conseillers français du commerce extérieur au Brésil. Le pack de verres à pied ordinaires vendu en France 4approchera ainsi les 20 au Brésil.
Tout candidat à l'export devra donc vérifier si son produit peut supporter cette hausse vertigineuse. «Récemment,nous avons déconseillé à une entreprise de se lancer car ses produits n'étaient pas assez haut de gamme pour passer cette barrière douanière», explique Sabine Astruc. Mais ces prix élevés n'empêchent pas des millions de Brésiliens de s'équiper, souvent à crédit. Le Brésil a su créer une classe moyenne de 100 millions d'habitants qui a les moyens de consommer. De nouveaux consommateurs qui continuent à s'équiper en dépit d'une croissance moindre : 0,9% en 2012 contre 7,5% en 2010. Mais la coupe du monde de football de 2014 et les JO de 2016 devraient doper les chiffres après une timide reprise annoncée en 2013.
Des infrastructures défaillantes
Autre problème : les infrastructures. «Contrairement aux autres BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine), le Brésil n'a pas investi suffisamment dans les transports. Exemple, le TGV San Paulo-Rio Janeiro, attendu depuis dix ans..." Ou encore le port de Sao Paulo, constamment saturé. En novembre dernier, les bateaux ont fait la queue en mer pendant près de deux mois. Un paramètre à considérer quand on sait que le Brésil est dix sept fois plus grand que la France. Pour ces raisons, il est indispensable de passer par un importateur distributeur qui apporte son soutien logistique et aplanira les lourdeurs administratives. Autre solution,mais onéreuse : créer une filiale, pour environ250Ksi le dirigeant est étranger. «La stratégie du gouvernement brésilien étant de favoriser la création de valeur ajoutée et d'emplois», explique Sabine Astruc.
Subsiste encore la barrière de la langue.Comme le souligneEric Van Renterghem, directeur commercial de Comrod France à Saint-Amand-les-Eaux, «les Brésiliens sont très sympathiques, mais la plupart ne parlent que portugais. Hormis les textes purement techniques,toute notre documentation commerciale a été traduite en portugais.» Mais comme le souligne Luis Antunes, «une fois les pièces de l'échiquier maitrisées, le Brésil sourit aux investisseurs. Quand le monde entier va mal, le Brésil, avec sa démocratie, son inflation quasi-contrôlée et son taux de change favorable offre d'indéniables atouts.»
5 conseils pour aborder le Brésil
* Se poser les bonnes questions. Réaliser une étude de marché approfondie en tenant compte des obstacles, notamment des barrières douanières à l'importation.
* Ne pas attendre un retour sur investissement rapide. Penser moyen et long terme.
* Bien appréhender la taille de ce marché. Ce pays-continent connaît d'importants problèmes de logistique.
* Bien que les Brésiliens soient d'origine latine, ne pas sous-estimer les différences culturelles.
* Bien se faire accompagner.
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Carte didentité
8,5 M de km²
200 M d'habitants
6e économie mondiale
Croissance 2011 : +3,09 % (2010 : +7,5)
Chômage : 6%
Inflation : 6 %
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Témoignages
JEAN-LUC BUTEZ, PDG D' INTERNATIONAL BREWERIES & BEERS, CAMBRAI
« Les Brésiliens figurent parmi les plus gros consommateurs de bière au monde »
Lors d'une mission économique organisée en mars par CCI international Nord de France dans la région de Sao Paulo, j'ai observé l'engouement des Brésiliens pour la bière, vendue à des prix bien plus élevés qu'en France. J'ai vu de nombreuses marques étrangères dans les linéaires, beaucoup de bières de spécialités. Le côté « french touch » plaît énormément à la nouvelle classe sociale moyenne brésilienne. Dès cet hiver, un importateur y distribuera notre marque Bellerose."
LUIS ANTUNES, VICE-PRÉSIDENT LATIN AMERICA : ARC INTERNATIONAL
« La naissance d'une classe moyenne qui a soif de consommer »
"Notre stratégie consiste depuis une dizaine d'années à nous rapprocher des lieux de consommation, notamment pour parer aux fluctuations des monnaies. Le continent sud américain ne possède pas encore son site de production, mais nous y songeons sérieusement. Nous avons au Brésil une filiale de distribution de 17 personnes dans la capitale économique Sao Paulo. 92% des produits vendus sont fabriqués en France. Pays ultra protectionniste, le Brésil a pris des mesures d'anti dumping sur les produits chinois. Nous vendons des produits basiques trois à quatre fois plus chers qu'en France en raison des taxes. Malgré cela notre chiffre a été multiplié par dix en six ans grâce à la naissance d'une classe moyenne qui a soif de consommer.
ERIC VAN RENTERGHEM, DIRECTEUR COMMERCIAL DE COMROD FRANCE, SAINT-AMAND-LES-EAUX
«Pour être compétitifs, nous envoyons nos éléments en kit »
"Nous réalisons près de 40 % de notre CA à l'export. Nous avons exposé pour la première fois au Brésil en 2008 lors du LAAD, le salon de la défense et de la sécurité organisé à Rio de Janeiro. Nous y avons rencontré un agent avec qui nous travaillons depuis deux ans. Le pays représente pour nous un potentiel important car il est en plein développement industriel. Notre astuce pour être compétitif : nos antennes sont expédiées en trois parties et assemblées sur place. Comme nous créons de l'emploi, nos produits sont taxés à moins de 10 % au lieu de 60%."
Contacts
- CCI International - Sabine ASTRUC.
Tel : 03 59 56 22 09
www.cci-international.net
- Ubifrance
Tel : 01 40 73 34 60
www.ubifrance.fr
- VIE Entreprises Tel : 0 810 659 659
- Chambre de Commerce France Brésil www.ccfb.com.br/fr/
Michel Salmon, appui aux entreprises
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