La terre agricole, citadelle assiégée? Interview de Jean-Marc Valet
Quelle est la caractéristique régionale en terme de biodiversité ?
Loccupation humaine. Nous sommes dans une région particulièrement dense et faible en espaces naturels. Avec une part considérable de terres consacrées à lagriculture intensive. On a donc des impacts sur la biodiversité importants. Aujourdhui, la moitié de la flore régionale est menacée, un premier quart à moyen terme, le second à long terme. Or ces disparitions ne touchent pas que des espèces rares. Non seulement on perd de la surface pour les milieux naturels mais en plus létat écologique de la région se dégrade considérablement. Leau, la terre, lair, cest tout le système qui est mis à mal! Les espèces les plus fragiles ont besoin de terres pauvres. Or lagriculture intensive repose sur une forte utilisation dintrants... On assiste à une banalisation grave de la question. Et l'homme en est victime autant que la nature. Cela coûte de plus en plus cher de traiter leau et de restaurer nos milieux naturels. On est en train de transformer nos espaces en milieux invivables !
Quelles sont les principales atteintes à la biodiversité ?
Lutilisation dintrants, de pesticides. Le système de l'agriculture conventionnelle est vicieux. On rémunère la productivité, pas la préservation des milieux les plus pauvres. La logique est infernale. Celui qui a beaucoup de terres reçoit des subventions alors quil faudrait soutenir les gens qui tentent dêtre le plus propre possible. Il devrait y avoir une solidarité envers ceux qui limitent lutilisation dintrants.
Que faudrait-il faire ?
Tout passe par la maîtrise des sols. Il faudrait un consensus pour un équilibre dans laffectation des sols, entre celles dévolues à lagriculture, aux espaces naturels, à lurbanisation, aux industries et au commerce. Il faut casser ce rythme infernal. On ne pourra pas recréer la biodiversité, ni récupérer les espaces et les espèces perdus. Il faut intervenir sur les PLU et les SCOT mais pour linstant on nen est pas là, hélas! On est dans une véritable fuite en avant qui concourt à la disparition despèces, cest très grave. Il faut arrêter de consommer de lespace comme des frites et des bagnoles. Il nest pas extensible. Le seul intérêt, cest denrichir les spéculateurs fonciers ! Il faut voir les plus-values qui sont faites sur la vente de terrains...
Il faudrait garantir laffectation des sols et sattaquer à la spéculation foncière. Et intervenir sur la fiscalité, tout simplement, toucher les gens au porte-monnaie. Et puis, il faudrait que la population admette que la nature est un patrimoine au même titre que nos églises et nos châteaux. Au début du siècle, la terre était un patrimoine, elle se transmettait. La société a évolué, cest bien, mais elle a oublié la richesse que représente la nature, et sa fragilité aussi. On assiste à une prise de conscience des jeunes générations sur le sujet. Hélas, la dégradation de la biodiversité va plus vite que la prise de conscience. Par ailleurs, ceux qui veulent protéger la nature sont rarement décisionnaires. Les spéculateurs font partie de la classe dirigeante !
Vous sentez-vous entendus dans la région ?
La force de la région, cest quand même de connaître un vrai consensus. Le conseil régional, la Dreal, le Conseil de botanique, nous partageons le même avis. Nous sommes daccord sur le constat des problèmes et sur les orientations souhaitables. Ce nest pas le cas partout. Sinon, je nai jamais vu dagriculteurs manifester contre des rachats de terre pour en faire une zone dactivité. Cest à croire quils y trouvent des intérêts financiers.
Recueilli par : Marie Raimbault
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