La région se rêve en capitale du développement durable

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Des champs à perte de vue produisant du maïs transformé dans de nouvelles usines pour produire des résines et des plastiques végétaux : l'avenir du Nord-Pas-de-Calais pourrait être celui-ci. Au terme de plus d'un an de travail aussi intense que discret, le projet d'Institut Français de Matériaux Agro-Sourcés, ou IFMAS, devrait être labellisé par l'Etat avant la fin de l'année. Nicolas Sarkozy l'a annoncé de manière informelle, la préfecture de région a renchéri au terme d'une communication inhabituellement précoce, l'Etat attendant généralement toutes les notifications et procédures avant tout feu vert.

Le sujet est majeur. "Il faut faire avancer la science vers un système de carbone renouvelable, sinon, on finira par être mal", lâche sans ambages Antonio Molina, président du groupe lillois Mäder, leader mondial des peintures ferroviaires. Le groupe constitue, avec Roquette Frères, le soubassement privé du projet IFMAS, auquel s'ajoute le sélectionneur de semences Florimond Deprez et le pôle de compétitivité MAUD (Matériaux et applications pour une utilisation durable). Côté public, l'aréopage est également de haut vol : CNRS, école de chimie de Lille, Mines de Douai, INRA, Lille 1, Polytech, entre autres. Les enjeux aussi : le projet affiche une perspective de chiffre d'affaires d'un milliard d'euros à un horizon de 10 ans et 5 000 créations d'emplois. Des liens doivent être tissés avec un autre institut d'excellence sur les énergies décarbonées, picard celui-là, PIVERT, adossé au pôle de compétitivité Industries et Agro-Ressources.

C'est très loin d'être de la science-fiction. "Les différents industriels ont développé des technologies de rupture", s'enthousiasme Christian Rolando, directeur général adjoint de l'Institut de chimie du CNRS. "Je suis très optimiste", lance Antonio Molina. Et dans cette course au décarboné, la région a de l'avance grâce à Roquette, spécialiste mondial des produits amylacés. Il a développé le "Gaïalène", un polymère déjà à base d'amidon pour 50%. "Dans les 10 ans, il doit être biosourcé à 100% et devenir un plastique de spécialité", analyse Christian Rolando. Une perspective vitale aussi pour le pôle plasturgique régional et ses 250 entreprises et 11 000 salariés.

"Le développement de la chimie végétale est stratégique"
Marc Roquette, Pdg de Roquette Frères
"Avec le renchérissement et la raréfaction du pétrole, le développement de la chimie végétale est stratégique et il est important que la France y participe. Nous sommes très heureux d'y contribuer, en réseau avec la recherche privée et académique pour mettre au point les polymères de demain. Même si nous avons beaucoup investi dans la recherche en interne, nous sommes convaincu que, pour réussir, la voie est au développement collaboratif et à l'innovation en réseau."

Course au décarboné
L'IFMAS n'est pas un pôle isolé. L'écologie appliquée devient clairement un enjeu économique. La région, incarnation du développement non durable depuis 150 ans, s'est positionnée depuis de nombreuses années sur ce créneau : la première présidente Verte d'une région, Marie-Christine Blandin, a donné une impulsion politique. La première ferme éolienne française avait été implantée à Dunkerque. Les premiers panneaux photovoltaïques, le long de la rocade minière. Le premier lycée HQE à Calais. Mais la mayonnaise n'a pas vraiment pris en termes de tissu d'entreprises et d'emploi : trop d'opérateurs isolés et atomisés, manque de moyens, peu de passerelles entre acteurs.

Seule réussite très visible et emblématique : la reconquête du site Metaleurop, ex-friche industrielle la plus polluée de l'Hexagone, devenue vitrine du savoir-faire du groupe Suez. L'écopôle Sita Agora à Noyelles-Godault réunit aujourd'hui plus de 370 salariés dans 18 entreprises pour un investissement évalué à 100 M€ au terme du déploiement complet du pôle. Il aura quand même fallu attendre 2010 pour que l'Etat labellise dans notre région le seul pôle de compétitivité dédié à l'économie du recyclage, TEAM2. Présidé par Thierry Méchin, ex-président de Sita Nord, il espère générer 1 000 emplois nouveaux en quatre ans.

Emergence des écotechnologies
Les autres pôles sont aussi concernés : i-Trans, via Railenium, qui vise à augmenter le débit des infrastructures tout en diminuant la consommation d'énergie, l'empreinte carbone et les nuisances sonores... UpTex et les applications des biofibres dans la construction, les transports, la santé, etc.

Le Cd2e, d'un rôle initial de centre de ressources, s'est transformé progressivement en plate-forme d'émergence des écotechnologies. Il est engagé dans l'Analyse du cycle de vie, qui veut évaluer les impacts environnementaux d'un produit, service ou procédé, de l'extraction des matières premières jusqu'à sa fin de vie. C'est là, à Loos-en-Gohelle, que TEAM2 est né, mais aussi la plate-forme d'expérimentation des énergies renouvelables LumiWatt, le cluster Aquapris, initié avec la CCI Grand Lille sur l'innovation dans la filière eau. Et l'écoconstruction y trouvera dès la fin de l'année un centre d'information et de formation, qui intégrera la dimension recherche fin 2012, en lien avec le Laboratoire de génie civil et de géo-environnement (LGCgE) à Béthune, pour devenir un véritable pôle des performances du bâti.

Dans le Douaisis, l'écoconstruction est intensément à l'ordre du jour avec l'aménagement des 166 ha de l'écoquartier du Raquet. La Communauté d'agglo a créé Douaisis Habitat durable, une grappe d'une quarantaine d'entreprises, "outil d'intelligence collective sur la construction vertueuse", en partenariat avec le master Bâtiment à énergie positive de l'école des Mines et la Chambre de métiers. Un centre de formation de 350 apprentis y sera associé.

Courants porteurs
Grâce à son action et à des courants porteurs, la filière de l'environnement donne progressivement sa mesure. La région est déjà dans le peloton de tête en matière de développement d'éco-entreprises, avec un chiffre d'affaires qui a grimpé de 28% entre 2004 et 2008.

En 2009, le secteur, pour moitié représenté par la filière du recyclage, a néanmoins accusé un fléchissement. Le recyclage industriel a souffert du ralentissement de l'activité et de la chute des cours, celui des déchets ménagers a vu ses débouchés se resserrer et les prix de revente baisser. En 2010, c'est celui des énergies renouvelables qui a pris la douche froide avec la chute des tarifs de rachat. Mais dans ce domaine les perspectives sont encourageantes selon Christian Traisnel, directeur du Cd2e, à condition de s'orienter vers une offre globale production d'énergie – bouquet éolien, solaire et géothermie –, stockage et couplage avec le réseau : "Les mini-centrales décentralisées, c'est ça l'avenir. Et ce sera rentable dans le Nord d'ici 2015-2018, et sans subvention dès 2020", assure le Monsieur Développement durable de la région.

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