Jérôme Charlet et Charles Grechez, Président et DG de Charlet : « Être patron n'est pas un dû, c'est un devoir »

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[caption id="attachment_22157" align="alignleft" width="280" caption="Jérôme Charlet et Charles Grechez, Président et DG de Charlet (Crédit : Sébastien Jarry)"][/caption]

En 2011, vous avez ouvert le capital et la direction du groupe à deux dirigeants, Bruno Gattino et Charles Grechez, pourquoi ?
JC. En 2007, la 3e génération a pris le contrôle de l'entreprise, créée par mon grand père André et son frère Paul, suivis par Guy-Pascal et Bruno (fils d’André). Mais ce passage de génération a soulevé des difficultés de gouvernance, dans un contexte économique difficile. Charles travaillait dans le groupe depuis 25 ans, et a créé pour nous la filiale Qualiflor, avec le leader mondial Dutch Flower Group, il était déjà entré au capital de cette entité puis à celui de Pacbelimex (négoce de fruits et légumes produits en Belgique et distribués en France et en Europe). La nouvelle direction générale permet de sortir du syndrome du «fils de».

 

Qu'est ce qui freine le plus les ETI en France selon vous ?

G.C : En France, les obligations réglementaires pèsent très lourd. Les effets de seuil en particulier retiennent un certain nombre de développements. Beaucoup trop de précautions doivent être prises avant d'entreprendre, surtout dans des entreprises comme les nôtres, qui ont compris que le métier des fruits et légumes d'avant doit changer. Nous sommes dans des métiers délicats.

 

Pouvez-vous nous expliquer cette mutation de votre filière ?

JC. Il y a un gros effet de concentration dans la profession. Prenez Valenciennes où nous étions présents depuis 1966. Il y avait 26 grossistes à l'époque. Nous avons fini les derniers, nous avons même racheté les trois derniers de Cambrai pour créer un effet de masse mais cela n'a pas suffi et nous avons du nous résoudre à fermer le site cette année. Nos confrères l'ont fait depuis bien plus longtemps que nous. Aujourd'hui nous avons quatre sites dont Amiens, que nous avons ouvert en 2012. Le rayon pertinent, c'est jusqu'à 100 km autour de nos sites, pour garder la proximité des clients, avec un terroir de production. On produit sur place, on assemble sur place et on livre à moindre coût.

 

 

" Être patron n'est pas un dû, c'est un devoir, on a plus d'obligations que les autres."

 

Vous avez aussi beaucoup diversifié vos activités...

JC. Oui nous avons commencé dès 1985 en créant Frepac (activité de conditionnement tournée vers le e-commerce aujourd’hui) ; puis Qualiflor en négoce de fleurs et plantes ainsi que Pacbelimex (exportation de produits belges en fruits et légumes) ; en 1998 c’est notre adhésion au réseau CRENO, le premier groupement français de distributeurs indépendants de fruits et légumes et de produits de la mer. Deux ans après, nous sommes allés vers la restauration et les produits de la mer, en créant Norocéan en 2000 ; et en 2002, création de Délimélo avec la reprise d’un client, spécialiste de la vente à la chine dans le Nord de la France. Enfin, Houssoye Transports en 2008 pour développer nos activités logistiques et séparer nos activités commerciales.

 

Après les années difficiles, quand espérez-vous retrouver croissance et rentabilité ?

GC : Dès 2014 ! La nouvelle direction opérationnelle a été mise en place il y a deux ans et demi, pour structurer l'ensemble de nos activités. On espère que 2014 va nous amener à cet équilibre pour redémarrer nos projets et nos ambitions qui exigent des moyens humains et financiers.

 

Recueilli par Olivier Ducuing