Jean-Louis Borloo, attaquant de pointe

C’est un peu le retour de l’enfant du pays. Bien qu’il n’en soit pas natif, l’attachement de Jean-Louis Borloo a? Valenciennes est visce?ral. Cet e?te?, le VA-FC fro?le la catastrophe et la liquidation judiciaire : apre?s la rele?gation sportive en Ligue 2, le redressement judiciaire. Et une nouvelle rele?gation, cette fois due a? une situation financie?re tendue. Le club doit faire face a? 13 M€ de dette a? purger ! Impossible pour celui qui l’avait remis sur pied dans les anne?es 90 de laisser faire. « Quand la terrible nouvelle est tombe?e, il y a eu une union sacre?e avec les de?cideurs », raconte Laurent Degallaix, maire de Valenciennes. « Tre?s rapidement, Jean-Louis Borloo a de?cide? de prendre le taureau par les cornes. S’il en fallait un pour fe?de?rer, c’e?tait lui ! C’est un acce?le?rateur de consensus », poursuit son successeur au fauteuil de de?pute? de la 21e circonscription du Nord depuis juin. Retire? de la vie politique pour raison de sante?, Jean-Louis Borloo s’est en effet re?solu a? laisser son mandat de parlementaire, et celui du pre?sident de l’UDI au printemps dernier. Mais pour le VA-FC, ce fe?ru de football a remis les crampons. « Il ne pouvait pas ne pas s’en occuper », raconte Luc Dayan. Ce dernier, missionne? jusqu’au 15 septembre pour prendre

les commandes ope?rationnelles du club,a rencontre? «JLB» il y a une dizaine d’anne?e. « C’est quelqu’un de tre?s actif. Il e?coute beaucoup puis tranche », raconte-t-il. En seulement deux semaines, l’ex-ministre, redevenu pre?sident du club, mobilise ses re?seaux et trouve 2,6 M€, plaide la cause du VA-FC devant le gendarme financier du football, la DNCG et remet l’entreprise sur pied. « Il a e?te? le meilleur avocat possible, son    me?tier »,    glisse    Laurent Degallaix. C’est que le pre?sident est expert en dossiers difficiles et retournements, un spe?cialiste de la bicyclette dans le jargon. Si le VA-FC est encore convalescent sportivement avec un de?but de saison complique?, il s’assoit sur une nouvelle structure financie?re. La holding Diables rouges a pris les manettes du club, pre?side?e par Jean-Louis Borloo. Actionnaire, il aurait abonde? les caisses a? hauteur de 500 K€,    un    chiffre    ensuite    de?menti mais non corrige?. Malgre? un re?e?chelonnement des dettes, la cession du centre d’entrai?nement a? l’agglo de Valenciennes et le reversement au club de la taxe foncie?re que Valenciennes perc?oit pour le Stade (200K€), le VA-FC doit encore renforcer ses fonds propres.

Veilleur averti
Depuis Paris ou? il se re?tablit apre?s une pneumonie aigue?, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy garde un œil sur l’ancienne cite? minie?re qu’il a me?tamorphose?e. « Il a une forme de charge d’a?me, de veille sur certains sujets, notamment e?conomiques. Il a une capacite? d’analyse des situations extraordinaires qui lui permet de savoir rapidement sur quel levier agir pour de?bloquer les situations », note un ex-collaborateur, qui ne manque pas de saluer son bilan national. « Il a re?ussi la? ou? d’autres ont e?choue? : la politique de re?novation urbaine, personne n’y croyait, idem avec le Grenelle de l’environnement, il a su fe?de?rer et re?unir des inte?re?ts contraires ». Le « coach Borloo » a clairement l’adhe?sion du vestiaire et des tribunes valenciennoises, lui qui peut surfer sur son succe?s d’antan. Pre?sident providentiel de 1986 a? 1991, il avait alors recueilli en 1989, 76% des voix lors de l’e?lection municipale. Premier magistrat de Valenciennes jusqu’en 2002, pre?sident de la communaute? d’agglo de 2001 a? 2008, il de?croche la de?putation en 1993, un mandat qu’il briguera ensuite trois fois avec succe?s. Fort de son parcours re?gional, cet e?lectron libre poursuivra sa carrie?re au rang national. Pre?sent pendant huit ans dans le gouvernement (de 2002 a? 2010), il cumule ses activite?s avec des fonctions politiques, (pre?sident du parti radical) et fonde en 2012, l’Union des De?mocrates et Inde?pendants (UDI), laisse?e pour se refaire une sante?. Et le de?pute? Degallaix de conclure en filant la me?taphore footballistique : « La France sans Borloo, c’est le Bre?sil sans Neymar ! »

Mise à jour du 1-09-14 : Comme il l'avait annoncé, Jean-Louis Borloo a cédé fin août la présidence du club. Eddy Zdziech, actionnaire de la holding DRH et dirigeant de ZDF le remplace.