Jacques Parissaux : « Le potager est l'oxygène de mon cerveau »

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Votre nom est associé à Arc International, puis Alphaglass, toujours à Arques. Vous êtes un inconditionnel de l'Audomarois ?

La famille Parissaux est originaire du Camp du drap d'or, entre Ardres et Guînes. Je suis donc du Calaisis, que j'ai quitté à l'âge de 20 ans. Je suis parti faire des études en Allemagne, puis je suis entré à la Cristallerie en 1973 , je me suis marié et établi à Arques. Au fil des ans je suis devenu Audomarois, c'est ma patrie d'adoption. Il faut dire que mon travail à la Cristallerie m'a comblé pendant 25 ans.

 

Vous connaissez tout le monde ici ?

C'était une phase d'expansion, j'avais la responsabilité d'hommes et de femmes, sous la direction de Jacques Durand, nous avons noué des liens intenses que je retrouve tous les jours. C'est une communauté humaine forte, en particulier avec les plus modestes d'entre eux. L'usine utilisait des gens de la campagne, j'en viens moi-même, nous parlions le patois, c'était notre langue d'échange, des liens qui n'ont pas grand'chose à voir avec le lien employeur-employé!

 

Avec ce tempérament, vous auriez pu être élu local ?

Je me suis présenté aux municipales les premières années mais j'ai vite arrêté. J'ai noté l'investissement des élus locaux et surtout des maire sur tous les fronts, payé d'ingratitude. On les prend pour des bouche-trous, ce n'est pas permis! Il y a d'autres manières d'être utile à la collectivité.

 

Vous êtes rural d'origine ?

Je suis un homme de l'industrie, mais par adoption. Je suis un homme de la terre. Mes parents et mes grands-parents étaient cultivateurs, mon deuxième frère l'était, mes deux beaux frères aussi, et un autre frère était directeur de la chambre d'agriculture du Nord ! J'aime passer une semaine à New-York, mais j'ai besoin de rentrer mettre mes pieds sur terre.

 

Pour Alphaglass, vous pilotez un projet industriel majeur aux Émirats. Quels sont vos loisirs à votre retour?

Je m'occupe de mon jardin ! Depuis pratiquement toujours. J'aurais beaucoup de mal à ne pas en avoir. Le jardin potager est l'oxygène de mon cerveau. En fonction du temps à y consacrer, il est plus en moins en ordre. Mas bon an mal an, je produis des salades et des ingrédients pour la soupe de la famille pendant presque toute l'année!

 

Pensez vous irrémédiable le déclin industriel français?

Il y a encore aujourd'hui en France des industries brillantes et j'ai le privilège de consacrer la moitié de mon temps à l'une d'entre elles. Tout le monde semble découvrir que la France est en voie de désisindustrialisation. Mais c'est d'une hypocrisie insigne! Le mouvement existe depuis fort longtemps et ceux qui versent des larmes de crocodile sont ceux qui ont créé la situation. Il n'y a pas que les écarts de coût de main d'oeuvre. Regardez la réglementation sur l'amiante. Aujourd'hui la justice alloue des primes pour préjudice d'anxiété ! Et pourquoi pas un préjudice d'anxiété si j'ai peur d'avoir un AVC... Mais nom d'un chien, où va-t-on?

 

Qu'est-ce qui vous irrite, en général?

L'inertie et l'imbécilité. Malheureusement ce n'est pas si rare! Une autre chose m'énerve, moi qui ai passé pas mal de temps aux USA et dans la culture anglo-saxonne, c'est qu'en France, quand vous avez un peu d'argent vous paraissez suspect, et quand vous en avez beaucoup, vous êtes coupable.

 

Quelles sont vos lectures ?

Je suis un boulimique de poésie classique, Victor Hugo est un de mes familiers mais aussi toute la Renaissance, Ronsart, du Bellay. J'avais deux frères qui partageaient la même passion, et bien souvent on s'envoyait la réplique . Et l'un d'eux a même écrit deux recueils, tout comme mon grand père, d'ailleurs. Je lis aussi sur la religion, l'histoire de la religion et les textes sacrés. Mais je ne suis pas de ceux qui dévorent les livres de 800 pages, je les regarderais plutôt avec méfiance !

Recueilli par OD

 

 « Quand vous avez un peu d'argent vous êtes suspect, quand vous en avez beaucoup, vous êtes coupable »

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