Interview - ETI du mois : Didier Motte
Vous dirigez une ETI, ces fameuses Entreprises de Taille Intermédiaire qui manquent à la France. Comment avez-vous réussi votre développement ?
J'ai repris la majorité du capital de l'entreprise en 1982 à Hubert Dalle. La famille Dalle est d'ailleurs toujours actionnaire, minoritaire, et son comportement a toujours été exemplaire vis à vis de la Ferme de la Gontière. Une entreprise, c'est un combat de tous les jours, il n'est jamais gagné. Notre principal atout, c'est la motivation du personnel. Il est informé régulièrement de l'évolution de l'entreprise. Chaque équipe de cueille est animée par deux responsables qui leur donnent des informations sur nos performances en permanence. C'est indispensable. Par ailleurs, les salariés sont intéressés aux résultats, cela a aussi un impact.
Quel patron êtes-vous, avec un effectif de 300 salariés aujourd'hui ?
Je reste dans une logique de Pme. Je mefforce de connaître chaque salarié, et ma porte leur est toujours ouverte. Je fais en sorte dêtre très proche du personnel. D'ailleurs le climat social est prépondérant dans une entreprise comme la nôtre qui a 42% de frais de personnel.
Quelle est votre vision de l'affectation des résultats de la société ?
Nous réinvestissons beaucoup. Plus d'un million d'euros par an dans notre outil agricole. Nous sommes le plus gros employeur privé de la Mutualité sociale agricole du Nord.
«Je mefforce de connaître chaque salarié, et ma porte leur est toujours ouverte »
Quels sont les points de blocage pour permettre aux entreprises de devenir ETI en France ou pour développer les ETI ?
Je vais vous répondre par un exemple précis. Quand les 35 heures ont été adoptées, nous étions 230 salariés. Avec 11% d'heures en moins, il a fallu embaucher, nous sommes passés à 270. Eh bien, le seul fait de franchir le seuil des 250 salariés nous a interdit dès le lendemain le droit à toute aide ! J'ai vu longuement le préfet de l'époque, Rémi Pautrat, mais il n'y a rien eu à faire... Il y a d'autres sujets qui m'irritent comme le versement transport. Cette taxe pèse sur la masse salariale, elle nous coûte 110 000 euros par an alors que je n'ai pas un seul salarié qui utilise les transports en commun...
Vous venez d'avoir 60 ans, comment voyez vous l'avenir de la société?
Le métier me passionne, je voudrais continuer encore cinq ans, mais je pense bien sûr à la transmission. J'aimerais bien que la famille prenne le relais. Il faudrait que le régime fiscal favorise la transmission familiale, encourage le développement des PME plutôt que de le gêner.Quand vous regardez la vallée de la Lys, énormément d'entreprises familiales ont été reprises par des groupes étrangers, pas toujours pour leur bien.
Que vous inspire la situation générale du pays ?
Je suis extrêmement sensible au problème du chômage, je ne comprends pas qu'on n'en parle pas davantage, que les syndicats ne s'emparent pas du sujet, qu'il n'y ait pas un consensus pour prendre le problème à bras le corps. Le chômage, c'est ce qu'il y a de pire au niveau humain. La mode est à l'indignation, très bien ! On peut aller au paradis si on s'indigne. Mais la question n'est pas de s'indigner mais de savoir quoi faire, de trouver des solutions
Propos recueillis par Olivier Ducuing
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