Interview de Pierre Coppe, Président du Conseil régional de lordre des architectes
ECO121 : le BTP est sévèrement touché par la crise. Comment se porte la profession des architectes ?
PC : La profession se porte assez mal dans la mesure où nous voyons depuis une année et demie se réduire de manière drastique la commande publique, avec des appels doffres qui se réduisent en nombre et en volume. Sur des marchés où nous étions 30 candidats, nous sommes aujourdhui 80 ! Avec des concurrents nationaux voire internationaux sur des projets de 2 M. Résultat, de nombreux cabinets commencent à réduire leurs effectifs, où tout du moins à ne plus recruter. Et on nabsorbe plus les jeunes diplômés, qui se lancent en indépendants. Les cabinets qui vivaient largement de la commande publique, autrement dit, les plus grands, sont ceux qui vont souffrir le plus. Les marchés sont souvent repoussés, ou découpés en petits lots, avec des délais de réalisation allant jusquà 48 mois. Ce qui réduit considérablement la rentabilité.
ECO121 : Comment réagissent les cabinets, les agences ?
PC : On assiste à une course au contrat et parfois à un effondrement des prix. On voit passer des offres anormalement basses, avec le risque de les voir acceptées par certains donneurs dordre. Certains professionnels affichent parfois des honoraires de 5% sur du logement, quand la moyenne est entre 8 et 12%. A ce prix là, on a des risques importants sur la qualité, et sur la capacité des entreprises à aller au bout du chantier.
ECO121 : quels sont les segments qui résistent ?
PC : Heureusement, le secteur privé se maintient encore, avec des marchés du logement et du tertiaire encore actifs. Il manque 80 000 logements. Et la région concentre de grands groupes qui ont de nombreux projets industriels. Ceux-là poursuivent leurs investissements. Néanmoins, les perspectives sont très limitées. Nous avions lhabitude davoir une vision à 18 mois, on est actuellement plutôt sur 6, voire moins, ce qui est très compliqué. Nous craignons de voir des entreprises ne plus tenir, notamment des Tpe, les plus fragiles. Le BTP en ce moment, cest un Aulnay-sous-Bois par mois, en termes de licenciements !
ECO121 : quels sont les combats de lordre, les pistes de réflexion ?
PC : Au niveau local, nous misons sur le plan 100 000 logements du Conseil régional qui peut relancer le secteur de la réhabilitation, même si nous regrettons de navoir pas été assez associés jusque là. Et nous attendons beaucoup des pouvoirs publics sur le logement neuf. Il faut un grand plan. On sait que certaines choses fonctionnent : la baisse de la TVA, qui peut renforcer les recette fiscales et booster le secteur, mais aussi les grands emprunts levés par lépargne populaire. On a déjà levé des milliards par le passé On a la chance davoir une réglementation exigeante, qui devrait tirer lactivité, il faut tout tenter pour que léconomie en bénéficie.
Propos recueillis par Marie Raimbault
Ces articles peuvent également vous intéresser :
Le billet de Bruno Bonduelle : Ah le joli mois de mai
Ne dites plus Tancarville mais Millau car deux ponts qui se suivent, cest un ouvrage dart... Lart de poser ses RTT pour donner à une semaine de mai un avant-goût du mois daoût.
KPMG : Caroline Decoene-Desgouillons
Une femme de tête pour succéder à François Bloch
AG2R LA MONDIALE : Véronique Poncin
Une Nordiste dadoption pour la direction NPDC-Picardie
Enquête hôtellerie de luxe - Thierry Grégoire : "Il faut bien penser chaque ouverture"
3 questions à Thierry Grégoire, Président régional de lUnion des métiers des industries de l'hôtellerie Nord-Pas-de-Calais