Herta mitonne sa croissance
L'usine Herta de Saint-Pol-sur-Ternoise monte en régime. La filiale de Nestlé, traditionnellement discrète, a ouvert ses portes à la presse il y a quelques jours pour dévoiler le très gros investissement qui vient d'être consenti sur le site. L'unité compte en fait quatre divisions qui sont autant d'usines intérieures : les saucisses (Knacki), le snacking (croque-monsieur), les lardons et le jambon. Trois ans après la rénovation complète de la ligne de Knacki pour 12 M, c'est le secteur jambon qui vient de bé- néficier d'un investissement de quelque 22 M. « Il a fallu presque construire une nouvelle usine pendant que l'autre tournait. On a construit l'usine des 20 prochaines années », décrypte Emmanuel Sénéchal, directeur du site (photo). Ce projet « Jump », bien nommé, aura permis à la fois une augmentation capacitaire, l'usine étant capable de monter à 150 tonnes de jambon par jour contre 60 auparavant, mais aussi d'importantes modifications de process. Le procédé de cuisson a été modifié avec une nouvelle technologie désormais statique dans des bains d'eau chaude, permettant une cuisson lente : il faut 20 heures pour cuire un jambon de façon optimale. La ligne a été renforcée de 3 barattes (les très grandes cuves où sont placés les jambons). L'unité fonctionne à plein régime depuis quelques mois.
Herta a ainsi monté très fortement le curseur de la productivité, avec notamment un niveau de pertes matières diminué de 10 points. Mais dans une ac- tivité où la viande représente 60% de la valeur du produit, l'enjeu est évidemment majeur.
Déréférencement de Carrefour
Ce développement de l'entreprise s'est accompagné depuis deux ans de campagnes d'embauches importantes : 76 recrutements nets en 2012 et 60 cette année, portant l'effectif à 1000 personnes. Une centaine de salariés doit partir en retraite dans les cinq prochaines années, et le groupe prépare aussi leur remplacement. Le volume de production est attendu à la hausse en 2014 (+ 5%) après un exercice 2013 en demi- teinte du fait du déréférencement de Système U et de Carrefour, qui ont refusé les hausses de prix demandées par Herta, pour tenir compte de la hausse brutale des cours des matières premières ( 15% en 2 ans). « Nous sommes sereins, l'objectif est de les récupérer », lance Arnaud de Belloy, président de Herta.
En parallèle, l'entreprise poursuit son travail de qualité, qui l'a conduit par exemple à réduire de 15% le niveau de sel sur le jambon et les saucisses depuis dix ans , et de 30% sur les lardons. Et le groupe entend aussi promouvoir les bonnes pratiques en amont, incluant l'analyse du cycle de vie du jambon, la recyclabilité des barquettes, les pratiques d'élevage. « Lobjectif est d'avoir un élevage plus dura- ble, avec moins de consommation, de re- jets, de pollutions, et de tenir compte du bien-être animal », explique la responsable de ce programme bap- tisé « Préférence »
O.D.
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