Geomnia change de braquet

Partie prenante d’un projet de recherche de grande ampleur piloté par EADS et I-Trans, de nombreux travaux collaboratifs avec des laboratoires de renom, la start-up lilloise a une activité foisonnante. Créée en juillet 2009 à Euratech, la jeune entreprise innovante de 8 personnes est spécialisée dans la mécanique de très haute précision. Pour l’instant, elle intervient principalement dans les secteurs de l’aéronautique, du ferroviaire et de l’automobile « Dès qu’il y a de la mécanique de pointe», indique Amine Kamoun, un des deux dirigeants. L’entreprise conçoit des machines de contrôle de pièces et des logiciels d’amélioration de procédés de fabrication. Sa force réside dans sa capacité à intervenir directement sur les lignes de production, sans interrompre la chaîne et à réadapter le process en cas de besoin. Le créneau de Geomnia ? La complexité. Ses ingénieurs s’intéressent aux pièces les plus petites, aux formes les moins classiques. Et développent des logiciels de calculs très pointus. « On parle de quelques micromètres. C’est simple, on intervient là où les autres ne savent plus faire ». A l’origine il y a deux chercheurs, Amine Kamoun et Mohamed Damak, tout deux ingénieurs et docteurs, issus des Arts et Métiers de Lille et de Centrale Lille. « Jusque là, le contrôle se faisait largement par échantillonnage. Aujourd’hui, on assemble des pièces venant du monde entier et on a voulu se positionner sur ce besoin de contrôle de plus en plus exhaustif. » L’entreprise a vite accru ses effectifs, pour atteindre 8 personnes en 2012. Un des principaux premiers défis a été de trouver le bon modèle économique. Autrement dit, maintenir une avance technologique tout en dégageant du chiffre d’affaires (230 000€ en 2011). Le dépôt de brevet n’est pas une fin en soi pour l’équipe. « Les brevets c’est bien, on en a un en cours. Mais on pourrait passer notre vie dans la paperasse. Notre stratégie consiste surtout à nous concentrer sur la recherche pour toujours avoir un train d’avance. »

20 personnes d’ici 2014

La start-up vise tout naturellement le leadership de son secteur et entend étendre son activité à d’autres secteurs, « dès lors qu’il y a de l’équipement industriel, cela nous intéresse », poursuit Amine Kamoun. Pour cela, il prévoit de doubler les effectifs d’ici la fin de l’année prochaine. La stratégie consiste à poursuivre les travaux de recherche de pointe tout en concevant des produits de série. Un salarié doctorant travaille avec le laboratoire national de métrologie à la conception d’une machine de mesure de référence. Le contrôle s'opérerait alors à un niveau nanométrique. La thèse devrait aboutir en 2013. D’autres travaux portent sur la partie logicielle et sur le développement d’algorithmes toujours plus poussés. Signe de son innovation, la liste des soutiens de la jeune pousse est longue : Oséo, le FEDER, la Région, l’Agence nationale de recherche et de technologie, Lille Métropole Initiative… Et signe de son potentiel, elle est actuellement en discussion avec un partenaire régional pour une levée de fonds. A suivre!

Marie Raimbault