Géni, le mouton à cinq pattes de la création innovante

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France

Centrale, Skema, les Arts & Métiers, les mines de Douai et l'Ensait auraient-ils trouvé la pierre philosophale de l'entreprise innovante? Depuis 2008, dans une région très à la peine en matière d'économie de l'innovation, ces cinq vénérables établissements régionaux ont choisi d'unir en un seul outil, GENI (Grandes Ecoles Nord Incubation) leurs moyens d'incubation de porteurs de projets à valeur ajoutée. Au scepticisme de certains observateurs à son démarrage, GENI répond par un bilan chiffré spectaculaire. Mais aussi par la qualité des projets accompagnés, parmi lesquels des start-up particulièrement prometteuses.

Car la matière grise est concentrée à haute dose dans cette plate-forme d'incubation, qui veut “concourir au développement du territoire” en mêlant compétences et ressources mutualisées.

Née il y a trois ans, GENI s'adresse aux porteurs de projets qui nécessitent des compétences pointues dans différents domaines : environnement, énergie, nouvelles technologies pour l'industrie, le commerce ou les services. Les Cinq grandes écoles et leurs trois incubateurs physiques l'innervent : Tonic incubateur pour Arts et Métiers ParisTech , Centrale Lille et Skema, Apui, premier incubateur de l'Hexagone, à l'Ecole de mines de Douai et Innotex pour l'école d'ingénieurs textiles Ensait, de Roubaix.
“Il y a cinq ans nous étions dispersés avec un problème de taille critique et de visibilité. Geni a permis de dépasser le cadre d'une visibilité exclusivement locale”, relate Etienne Craye, directeur de Centrale Lille. L'initiative est soutenue largement par les collectivités locales (région, Conseil général du Nord, LMCU, CAD) l’État (Direccte), Bruxelles et la CCI Grand Lille.

Taille critique

Les projets de création, accueillis pendant un à trois ans, proviennent davantage de l'extérieur – 60% – que du vivier des écoles elles-mêmes, souligne Eric Dumetz, directeur des Arts et Métiers et président de GENI : “Il faut un minimum de parcours pour avoir une capacité de création. Même si un master commun permet de développer la fibre entrepreneuriale.” Clément Raffin, Centrale, et Cyril Dubus, Gadz'Arts, ont mûri leur projet en 2009 dans ce master spécialisé création d'entreprise et entrepreneuriat  : “l'incubateur était la suite logique”. Geni en chiffres

2008-2010

130 projets incubés
pour 41 entreprises et 320 emplois créés
7 M€ de budget

2011

85 projets incubés pour 19 créations
2,87 M€ de budget
Dont Tonic : 15 projets en 2011, 20 attendus en 2012
Innotex : 30 projets/an, 15 créations depuis 2008

Camille Thiriez, issue de l'UTC Compiègne, les rejoint à Tonic incubation pour créer Effigénie et développer une solution de régulation thermique des bâtiments. A 25 ans, ils prévoient de voler de leurs propres ailes dès septembre. Gabriel et Eric viennent quant à eux de rejoindre Tonic. Vingt ans de carrière derrière eux, dans la logistique et le commerce, les copains de fac (Lille 1) rencontrent Franck Arnold, directeur de l'incubateur, sur le salon Créer. Ils se présentent au comité d'agrément de Geni (commun aux trois incubateurs) et se lancent. Leur projet : un service de relocalisation de palettes et emballages recyclables à l'attention des transporteurs, basé sur un algorithme développé avec l'INRIA.

L'association de quatre écoles d'ingénieurs et d'une école de management est une particularité forte de ce puissant réseau. Le partage des mêmes valeurs et la mise en synergie ses atouts. “Mais nous sommes ouverts, précise Eric Dumetz. Nous travaillons actuellement avec la Catho (HEI, Isen, Isa) qui va accueillir un plateau de prototypage pour passer en phase industrielle.” L'enjeu : le codesign, quand plusieurs corps de métier réfléchissent ensemble autour d'un même projet.

Un réceptacle et un terreau

Les Pme-Pmi sont la cible d'un autre projet en cours d'élaboration : Geni2, soit Grandes Ecoles du Nord Innovation. Le but : les sensibiliser à l'innovation et aux ressources existant pour les aider à préciser et réaliser leurs projets. Sur le mode “notre potentiel humain est très riche et nos écoles sont accessibles”, Geni veut promouvoir les partenariats avec les entreprises. En mettant notamment en avant les projets confiés aux étudiants. Un exemple : Logvad voulait mettre au point des emballages innovants recyclables pour la grande distribution ; des élèves de Centrale Lille ont planché sur la question. “Il faut savoir exploiter la créativité, l'absence de raisonnement établi et le potentiel des premières années, en les environnant”, justifie le directeur de l'école d'ingénieurs. Autre illustration : les Briqueteries du Nord cherchaient le moyen de recycler les boues issues des dragages et sols pollués pour les transformer en briques ; des étudiants sont parvenus à rendre ces boues inertes et donc utilisables. Bon pour l'entreprise, bon pour l'école.

Rationnaliser les dispositifs en place, mutualiser les outils pour gagner en visibilité et convaincre les Pme-Pmi : Geni2 sera le “réceptacle” de cette ambition. Mais l'objectif est aussi de sensibiliser les étudiants au terreau que sont ces entreprises. “Les cadres que nous formons se tournent pour la plupart vers les grandes groupes. Or il y a plein de compétences qui profiteraient aux Pme-Pmi ; il nous faut mettre en avant cette dynamique”, plaide Etienne Craye. Au-delà de la mission de formation, un engagement sociétal.

Souts et le génie textile

Jacques Vial est issu de la promotion 1992 de l'Ensait. Spécialisé dans les métiers de la mode et la chaussure, il a travaillé pour la grande distribution, où dominent les produits chinois. L'envie d'embrasser une démarche puriste le pousse à vouloir créer sa collection de chaussures d'intérieur haut de gamme. En misant sur l'innovation et la valeur créative. Mais pour maîtriser la qualité, il fallait maîtriser la production, et que celle-ci soit le plus proche possible du marché, en France. Septembre 2009, direction Innotex, l'incubateur de l'Ensait. Là il peut mener une étude de marché sur la perception des valeurs de mode, de qualité et de développement durable. Acheter les matières premières pour réaliser ses protos. Et surtout, structurer son projet. Le dirigeant salue le conseil sur le plan stratégique et l'accompagnement soutenu de Benoît Deroy, directeur d'Innotex, sur les volets juridique et financier : “Un sacré coup de main !” Un an et demi plus tard la société Souts a incubé. En avril dernier, sept associés sont réunis dans le holding Apidae, qui rachète l'usine de chaussures Delage en Dordogne, 18 salariés. La négociation serrée de la reprise aura permis d'“écarter les investisseurs institutionnels, qui voulaient la mainmise sur l'entreprise”, et l'accompagnement, de gagner la confiance des partenaires bancaires. Prochaine étape : la création d'une structure commerciale sur la métropole lilloise, avec 5 embauches sur les deux prochaines années.

 

Ces articles peuvent également vous intéresser :

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Publié le 18/06/2011 Eco121

Hydrélis au vert

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Publié le 18/06/2011 Eco121

Notaires polaires

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Publié le 18/06/2011 Eco121

NutrEvent : un salon qui cultive la différence

Les acteurs régionaux ont osé en 2009 le pari de lancer un salon sur le thème nutrition-santé.

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Publié le 18/06/2011 Eco121

RENAULT SOLAIRE

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Publié le 18/06/2011 Eco121

92 VAE À LA REDOUTE