Fusion An I : La dynamique régionale se cherche encore

 

 

 

 

 

 

 

Qui s'interroge encore sur le nom Hauts-de-France ? Adopte? en mars dernier, valide? par l'e?tat en juillet, il est de?ja? passe? dans le langage commun. Qui ignore le nom de son pre?sident ? Xavier Bertrand, de?ja? fort de son parcours ministe?riel, est de?sormais un grand baron re?gional a? la stature nationale – que certains verraient de?ja? a? Matignon. C'est lui qui a bloque? un projet de fiscalite? additionnelle imagine? par Bercy. C'est lui aussi qui n'he?site pas a? jouer le rapport de force comme sur le dossier Seine Nord Europe. Avec beaucoup plus de chances d'avoir gain de cause qu'auparavant. Le fait re?gional est passe? par la?. Porte? sur les fonts baptismaux en janvier 2016, apre?s une remise en cause a? la hussarde de la carte de France, le nouveau conseil re?gional est devenu re?alite?. Un peu bancal politiquement, avec une opposition re?duite au seul Front national; encore fragile financie?rement avec une dette conside?rable et une marge de manœuvre tre?s re?duite; encore en construction interne (lire par ailleurs) et avec des Picards qui se sentent souvent le?se?s par rapport a? la situation ante?rieure; tre?s ine?gal avec un po?le de croissance puissant a? Lille, et certains territoires secondaires en de?she?rence. Mais la Re?gion s'est impose?e comme un acteur majeur du pays, avec ses 6 millions d'habitants et ses 282 000 entreprises. Sait-on qu'elle compte plus d'habitants que la Norve?ge, l'Irlande ou le Danemark! Plus que la Mace?doine, la Slove?nie et le Kosovo re?unis. De quoi faire entendre la voix de la Re?gion haut et fort.

 

 

De?sinte?re?t affiche? pour les sche?mas


« Les Hauts-de-France ne font pas pa?le figure par rapport a? certains E?tats europe?ens ou a? certains La?nder allemands », constate Laurent Degroote, pre?sident du Ceser, et pre?sident national de l'assemble?e des Ceser de France. Ne?glige? du temps de l'ancien pre?sident Daniel Percheron, qui e?coutait courtoisement ses avis sans les entendre, ce conseil de la socie?te? civile entend jouer toute sa partition d'une grande re?gion de taille enfin europe?enne a? construire. « Je suis convaincu que l'E?tat va se renforcer sur le re?galien et qu'il y aura en paralle?le un renforcement du pouvoir re?gional », analyse Laurent Degroote, qui multiplie les groupes de travail the?matiques (formation, le canal Seine Nord, retour a? l'emploi des allocataires du RSA, mate?riaux biosource?s, 3e re?volution industrielle ...), syste?matiquement de?cline?s sous l'angle de l'emploi.
Xavier Bertrand avait d'ailleurs place? ce de?fi en premie?re priorite? de sa campagne, s'engageant alors - il le regrette aujourd'hui - sur l'objectif chiffre? de 60000 emplois a? pourvoir d'ici a? septembre 2016. Le pari n'a pas e?te? gagne?. Mais le volontarisme de la Re?gion a e?te? encore renforce?, avec une multiplication de partenariats, classiques comme Po?leEmploi, ou plus originaux comme Facebook.

 

 

Manque de visibilité

 

En clair : tout ce qui peut ge?ne?rer de l'emploi ou de l'activite? e?conomique est bon a? prendre. Avec 375 000 demandeurs d'emploi dans la grande re?gion, nul ne peut contester cet e?tat d'esprit.

Mais le volontarisme a ses limites : notre grande collectivite? territoriale est largement impe?cunieuse (lire encadré). Et quoi qu'en dise la collectivite?, la mise en place d'une administration unique et de politiques harmonise?es prendra du temps. Le budget primitif 2017 devait porter la marque Bertrand apre?s un BP 2016 de transition. « Le budget 2017 est a? nouveau un budget de transition », conside?re un acteur financier. D'ailleurs le Ceser a pointe? dans son avis le manque de visibilite? sur les politiques re?gionales, signe que le processus de fusion pe?se encore. Certains acteurs de l'innovation ou des po?les de compe?titivite? de?plorent aussi le de?sinte?re?t affiche? de Xavier Bertrand pour l'exercice oblige? des sche?mas. « Je suis un peu de?pite?, la plane?te Hauts-de-France est en sustentation », de?plore un dirigeant d'une structure d'innovation, en attente de feuille de route claire.

 

 

Hauts-de-France pe?riphe?riques


En paralle?le, la nouvelle collectivite? est confronte?e a? des enjeux lourds, avec les pires ratios socio-e?conomiques et sanitaires de France : illettrisme, sante?, de?sindustrialisation, ine?galite?s territoriales... Plusieurs politiques secondaires ont pu e?tre lance?es comme une aide au de?placement en voiture domicile-travail pour les salarie?s dont l'entreprise est a? 30 kilome?tres ou plus de chez eux. Le dispositif « Proch'Emploi », de?veloppe? a? partir des anciennes plateformes de circuit courts lance?es par Pierre de Saintignon, vise a? trouver des solutions au plus pre?s des bassin d'emploi pour les cho?meurs, mais doit a? l’e?vidence trouver son rythme. Un plan de soutien a? l'agriculture a aussi e?te? adopte?. Demain une aide a? la garde d'enfants sera mise en place ainsi que la mise a? disposition temporaire de ve?hicules pour permettre le retour a? l'emploi de cho?meurs.

L'ex-pre?sident de la CCI de Re?gion Philippe Vasseur, s'est quant a? lui vu confier par Xavier Ber- trand et Emmanuel Macron une mission de 18 mois pour la revitalisation industrielle de la re?gion. Avec un focus plus particulier sur sept territoires en difficulte? : Valenciennois et Avesnois, le bassin Chauny-Tergnier-La Fe?re, Roubaix-Tourcoing, le Bassin minier, le Dunkerquois et l’Amie?nois. En pointille? derrie?re ces dispositifs, le souci de ne pas oublier les Hauts-de-France « pe?riphe?riques » pour reprendre la formule du ge?ographe Christophe Guilluy. Ce dernier pointe une forme de rele?gation de classes moyennes dans les villes secondaires et les territoires e?loigne?s des me?tropoles et de leur dynamique. Un phe?nome?ne qui s'accompagne aussi d'une radicalisation des votes.

 

Effet d'e?chelle et e?loignement

Car la nouvelle taille critique qu'apporte le pe?rime?tre Hauts-de-France a un corollaire : l'e?loignement du terrain et bien souvent un centre de de?cision lillois. Xavier Bertrand paie beaucoup de sa personne pour e?viter l'e?cueil : avec 11 000 kms par mois pour sillonner la re?gion, il est omnipre?sent jusque dans le moindre recoin des Hauts-de-France – et beaucoup moins a? son bureau ou avec ses vice-pre?sidents, ce que beaucoup regrettent mezzo voce. La Re?gion a aussi choisi d'implanter 20 maisons de?centralise?es, pour permettre aux habitants, entrepreneurs ou acteurs locaux e?loigne?s de Lille ou d'Amiens de trouver une re?ponse de proximite?. Et pour un cou?t nul, insiste le pre?sident de Re?gion, les locaux e?tant mis a? disposition par des collectivite?s tandis que les personnels de la Re?gion sont rede?ploye?s.

La proble?matique est la me?me pour l'ensemble des acteurs, avec un risque d'amplification du phe?nome?ne. Me?me si les visioconfe?rences se multiplient, comment e?viter un oubli progressif des territoires isole?s ? Comment, surtout, ne pas le?ser les Picards ? « Il e?tait hors de question que les entrepreneurs de Picardie cessent d'e?tre repre?sente?s », re?torque Olivier Tommasini, pre?sident de la puissante fe?de?ration re?gionale du ba?timent, forte de ses 2300 entreprises nordistes et 1200 picardes. Dans son organisation interne, les Picards sont a? parite?. Et « pour les rendez-vous au sommet, je m'attache a? inviter le vice-pre?sident Franc?ois Delhaye ou un pre?sident de de?partement picard, quand c'est possible, afin de bien traduire les remonte?es d'information de tous les territoires ».

[caption id="attachment_11754" align="alignleft" width="150"] Olivier Tommasini, président de la FRB : "il était hors de question que les entrepreneurs picards cessent d'être représentés"[/caption]

 

Période de flottement

Au-dela? d'un sentiment persistant d'inquie?tude vis-a?-vis d'une me?tropole lilloise parfois juge?e e?crasante, les Picards jouent de?sormais le jeu. « Quand on travaille uniquement sur les structures, c'est force?ment long d'avancer. Mais quand on travaille sur les projets, tout le monde est de bonne volonte?. sur le sujet des Ports Hauts-de-France, c'est Philippe Enjolras (pre?sident de la CCI de l'Oise, ndlr) qui est moteur, par exemple », rele?ve Philippe Hourdain pre?sident de la CCI Hauts-de-France.

Il reste que les pre?ventions ne sont pas toutes leve?es, tant s'en faut. Et que la nouvelle Re?gion doit se mettre en place de manie?re concre?te, autour d'une nouvelle identite? et de nouvelles politiques lisibles y compris du grand public. Or les prochaines e?che?ances le?gislatives risquent de de?capiter l’exe?cutif re?gional avec la loi sur le non cumul et d’ouvrir une nouvelle pe?riode de flottement

Olivier Ducuing

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