Fortunes du Nord

Comme chaque année, Challenges nous livre son numéro spécial consacré aux « 500 premières fortunes professionnelles de France. » Certains sont flattés d'en être. D'autres sont furieux d'être ainsi livrés à la vindicte de la CGT ou à la jalousie et surtout à la moquerie de leurs voisins qui les trouvent peut-être riches mais décidément pingres. Aucun n'accepte l'amalgame avec ces milliardaires qui se prélassent au Cap d'Antibes, flambent leurs roubles à Courchevel ou exhibent leurs piscines à débordement sur 20 pages m'as-tu-vu d'un magazine qui, une fois par an, se prend pour Gala !

Je n'ai pas lu les 1000 pages indigestes de Thomas Piketty que les pédants prétendent avoir dévorées sur la chaise longue de leurs vacances. Je vous en livre la conclusion en trois courtes phrases : « les écarts se creusent, la richesse se concentre, l'héritage l'emporte sur le travail ».

Rien de tel dans notre région. Certes, ici comme ailleurs, il y a les riches, ceux qui ont trouvé leurs relais de croissance d'abord en Europe puis dans le monde. Ici cependant, ils sont discrets et préfèrent investir plutôt que de se montrer, car « le bien ne fait pas de bruit ; le bruit ne fait pas de bien » ou encore « argent connu, argent foutu »  sages aphorismes inventés et répétés en boucle par notre maître à penser que vous avez évidemment reconnu !

Combien sont-elles, ces fortunes du Nord ? Dans la liste, j'en ai repéré 25 dont 20 pour la seule Métropole. A quoi bon les citer ? Le lecteur d'ECO 121 les connaît  Il sait aussi que quasiment aucun nom ne figurait dans les années 60 sur cette Rich List française. Et comme les self made men partis de vraiment rien, comme Henryk Klaba, sont malheureusement rares, il sait que ces fortunes ont été créées en moins de cinquante ans par des « héritiers-développeurs » partis, eux, de... quasiment rien.
La Métropole leur doit beaucoup. Ils doivent aussi beaucoup à « la carrière dont ils furent extraits, à la pierre dont ils furent taillés »
Une imposture, celle qui met quasi ex-æquo en 2ème et 3ème place, Liliane Bettencourt, fille unique, et les Mulliez qui sont mille. L'une compte en milliards, les autres en millions, pas vraiment le même porte monnaie !
Ni à Nantes, ni à Marseille, ni même à Lyon, ces fortunes professionnelles ne sont aussi nombreuses. Puissent-elles à Lille-Métropole prospérer davantage encore, en attirer d'autres et, mieux encore, en susciter de nouvelles !

 Bruno Bonduelle