Filière - La brasserie régionale mousse à nouveau
[caption id="attachment_9069" align="alignleft" width="500" caption="La région compte 35 brasseries aujourd'hui contre 15 il y a vingt ans. Ici, les cuves de la brasserie Castelain (Bénifontaine)"][/caption]
Paradoxe : en 30 ans, la consommation de bière par habitant sest écroulée de plus de 30% en France. Parallèlement, le nombre de brasseries na fait quaugmenter dans le Nord-Pas-de-Calais. Il sen est même créé six ces deux dernières années, portant leur nombre à 35, contre à peine une quinzaine il y a 20 ans.
Le paradoxe nest quapparent. Ces brasseries, la plupart artisanales, bornent leurs activités au seul segment du marché qui progresse : celui des bières de spécialités. Autrement dit le haut, voire le très haut de gamme, dont la consommation monte de 5 à 10% lan en France selon les catégories et qui représente aujourdhui le tiers du marché total, en vertu du « boire moins, mais mieux » dune majorité damateurs.
Ce renouveau est le fait de passionnés. Pas forcément issus de monde brassicole on compte parmi eux un ex DRH , ils sont souvent formés aux meilleures écoles. Ils démarrent avec une production de lordre de 500 à 2.000 hectos, sans salarié, en commençant par vendre sur le lieu de production puis en abordant les réseaux spécialisés (grossistes, cavistes) avant la grande distribution, par une présence épisodique ou permanente dans leur zone dorigine.
On nest pas pour autant dans le folklore. La brasserie est une activité éminemment capitalistique. 300 à 400 K au minimum sont nécessaires pour se lancer, estime Vincent Bogaert, co-fondateur de la brasserie Saint-Germain. Et la suite est à lavenant. Dès lors que le créateur prend pied sur le marché des bières de spécialité, son essor va le contraindre à poursuivre les investissements. Pratiquement tous les brasseurs régionaux ont d'ailleurs investi récemment, souligne Gérard Sonnet, secrétaire général du Syndicat des brasseurs du Nord. La profession a en outre enregistré fin 2010 un mouvement très significatif avec le rachat par André Pecqueur, patron de la Brasserie de Saint Omer, des Brasseurs de Gayant (21 M de CA). Une façon très explicite pour le leader français en marque de distributeurs de s'inscrire dans la dynamique de la bière de spécialité.
Signe des temps, la brasserie retrouve également une crédibilité auprès des financeurs. Cest ainsi que Nord Financement, filiale de lIRD, vient de contre-garantir la moitié des investissements effectués par la brasserie Lepers pour transférer et moderniser ses installations.
La brasserie régionale se montre aussi novatrice. Cest bien sûr dans la création de nouveaux produits que sillustre dabord cette capacité : 250 bières produites au total, huit nouveautés lancées depuis 2010, dont la Maltesse triple par la brasserie Castelain, la Jenlain Or par la brasserie Duyck, la Pelforth H 3 malts par Heineken Entreprise.
French Craft Brewers pour sortir des frontières
Reste un défi à relever, l'export. Beaucoup de producteurs régionaux de bières de spécialité exportent un peu. Mais le plus souvent par à-coups, plus que du fait dune politique systématique, estime Raymond Duyck. Or le marché est mature en France alors quil explose chez les émergents. Cest pourquoi quatre acteurs régionaux, les brasseries Duyck, Castelain, Saint-Germain et la brasserie de Saint-Sylvestre-Capelle se sont unis à cinq autres confrères français il y a trois ans au sein dune association, « French Craft Brewers », destinée à promouvoir leurs bières à létranger, notamment aux USA,. Lenjeu nest pas seulement économique. Il est aussi culturel. A travers la pérennité de ses brasseries, cest aussi lidentité de la région qui est en jeu.
Christian JILCOT
Les principaux producteurs du Nord-Pas-de-Calais
Heineken Entreprise Mons en Baroeul 2.500.000 hl/an
Brasserie de Saint-Omer Saint-Omer 2.000.000 hl/an
Brasseurs de Gayant Douai 160.000 hl/an
Duyck Jenlain 100.000 hl/an
Castelain Bénifontaine 45.000 hl/an
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