Edito n°64 : Septembre 2016

Braderie : entre deux maux...

Le jour me?me de l'attentat de Nice le 14 juillet, avec ses 86 tue?s, les yeux s'e?taient braque?s sur la braderie de Lille : comment se?curiser un te?l e?ve?nement qui re?unit annuellement de 2 a? 2,5 millions de personnes dans un environnement ouvert et joyeusement de?sorganise? ? Pierre Mauroy lui-me?me e?voquait souvent le ve?ritable miracle que constitue cette rencontre exceptionnelle sans jamais le moindre de?rapage mortel. Car l'organisation d'un rassemblement aussi conside?rable rele?ve aussi de la responsabilite? morale et juridique des collectivite?s, au premier rang desquelles leur maire.
Le principe de pre?caution pousse? a? l'extre?me conduirait bien su?r a? cesser toute initiative, au motif de risques totalement improbables. Mais le contexte est cette fois tre?s diffe?rent : la France est en e?tat d'urgence, la menace terroriste n'a jamais connu cette ampleur, l'ennemi vient de l'e?tranger comme de l'inte?rieur du pays, et en l'espe?ce, la se?curisation de la braderie de Lille relevait ve?ritablement de la quadrature du cercle face a? des agresseurs de?termine?s a? frapper en perdant la vie.
Qui peut reprocher au maire d'une grande ville, au vu de ces parame?tres totalement exceptionnels, une de?cision que Martine Aubry qualifie elle-me?me de de?chirante ? Personne, bien entendu. Et les milliers de moules, les nuite?es perdues et les millions d'euros partis en fume?e, au grand de?solement du monde de l'ho?tellerie et de la restauration, qui n'avait vraiment pas besoin de cela, ne sont
cependant rien en regard d'une menace absolument certaine et des dizaines de vies qui pourraient e?tre prises par des barbares sans foi ni loi. Evidemment, on objectera a? raison que le jeu des djihadistes consiste justement a? terroriser leur adversaire et a? les faire reculer dans leur mode de vie et leurs habitudes. De ce point de vue, ils ont gagne?. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre.

Olivier Ducuing
Directeur de la re?daction