Dylco attend des retombées concrètes dès 2011

Dylco SAS est une PME de 30 personnes nichée à Bertry, dans une usine pas toute jeune de 7 000 m2 qui conçoit et produit du fil technique. Ce pays de Caudry a le textile dans son ADN. Depuis 1865, la maison mère Carpentier Preux travaille le fil. Elle a créé Dylco en 1957, devenue indépendante, et qui dès 1980 se tournait déjà vers des débouchés novateurs : l'ameublement et l'automobile. Mais le virage principal intervient il y a deux ans. Dylco intégre alors deux programmes du pôle de compétitivité UpTex toujours en cours : " Textherm " développe des solutions thermiques pour l'aéronautique et le ferroviaire; " Raidoutils " concerne de son côté les matériaux composites pour l'automobile et l'aéronautique, en particulier pour l'Airbus A350 qui veut 50% de composite dans sa construction. Xavier Thierry, responsable Textiles Techniques, sourit quand-même: " Pour l'instant, je n'ai aucun CA chez Up Tex! " Le premier retour sur investissement est en revanche espéré pour 2011.

Un pari dans la durée

Dylco joue sciemment le long terme et met à disposition du cluster textile sa propre ingénierie . L'entreprise sait qu'elle n'est que le maillon d'une chaîne. Elle pratique toujours le métier de " tricoteur à façon ", transmettant à son partenaire Carpentier Preux les produits afin de les finir. Dylco n'est pas directement concernée par les brevets. Son know-how est cependant protégé par la solution " enveloppe Doleau " ...et un sens aigu de la discrétion tous azimuts! Ces activités classiques de participation à la chaîne textile se traduisent par un CA consolidé de 12 M€, r "éalisé pour 70% dans l'Hexagone, et le reste dans l'Europe proche. La crise explique le volontarisme actif de l'entreprise à se lancer aujourd'hui dans des débouchés rentables. Dylco s'est ainsi engagée dans d'autres programmes UpTex à venir: le premier concerne le bâtiment- dossier en cours de montage - , l'autre l'agriculture et l'assainissement. Il s'agira de dépolluer des sédiments et de les transformer en de nouveaux matériaux. D'autres projets UpTex mobiliseront certainement la PME dont la stratégie est désormais clairement axée sur la matière grise.

Xavier Thierry a mené sa barque avec patience et pertinence. Mais l'enjeu consiste à toucher les fruits de cette politique d'innovation : dès fin 2011, le CA doit frémir, d'autant que certains marchés vieillissent. Le bureau d'études a travaillé par exemple sur de nouveaux procédés d'impression numérique et bien d'autres gammes de produits. Cette recherche " maison " (cette fois au profit de marchés hors pôle de compétitivité) peut et doit profiter à des projets Up Tex. Avoir rencontré en une matinée lors du Symposium Franco- Québécois (voir ci-contre) une dizaine d'industriels canadiens, a fait souffler un vent nouveau à Bertry. " Ils ont été pragmatiques et sincères, explique Xavier Thierry. Ils ne m'ont pas dit que notre CA allait bondir à +10%, mais les dix contacts engrangés vont donner lieu à des contrats au second semestre 2011. Les Québécois veulent faire des affaires dans tous les domaines des textiles innovants, même si l'aéronautique domine, mais être aussi des partenaires réguliers. J'y allais à la recherche de solutions techniques en finition de textiles innovants via de nouvelles propriétés à leur apporter. J'ai découvert des procédés de rafraîchissement de textiles, applicables en milieu hospitalier, allant du simple bien être au vrai soin médical guérisseur. "

La porte de l'Atlantique est désormais ouverte, un calendrier de contacts établi et chez Dylco, on se prend soudain à songer brevets, marchés américains, et adaptation de l'outil industriel à de nouvelles exigences...  " On s'est aperçu côté français, qu'on était pris très au sérieux par les Canadiens qui s'étaient parfaitement renseignés sur notre niveau ", se félicite Xavier Thierry. Une légitimation nord-américaine,, en quelque sorte pour la stratégie audacieuse de la Pme nordiste.