Dorothée da Silva : «Il ne faut pas mourir sur scène !»
Vous avez été une figure incontournable de la métropole, notamment à la présidence de Lille Grand Palais. Depuis trois ans, vous êtes retournée dans lombre. Cela vous manque-t-il ?
Non, pas du tout, les derniers temps ayant été douloureux. Je voulais rester parmi les personnalités et je ne voulais pas mencarter au PS. Je me suis fait descendre au conseil municipal, mais jai été soutenue par les fonctionnaires, jai beaucoup apprécié leur attitude.
Avez-vous gardé des amitiés de cette tranche de vie publique ?
Vous savez, quand vous êtes fâché avec Martine Aubry, plus personne nest votre ami ! Mais jai quand même des amis parmi les anciens élus, avec lesquels jai de bons échanges, on se retrouve parfois dans un restaurant. Les autres élus, je ne cherche pas vraiment à les voir.
Quel regard portez-vous sur cette vie politique passée ?
Lille Grand Palais, ce nétait pas de la politique. Cétait une aventure. Jétais Pdg dun centre de congrès, sans salaire. En 1996, la SEM a été constituée et Pierre Mauroy ma nommée présidente déléguée. Peu à peu jai commencé à regarder les comptes et jai vu quon allait dans le mur. Devenue présidente, main dans la main avec lensemble de léquipe, on a remonté les pertes. Je naurais jamais dû être en première ligne. Mais je suis contente, jai fait 14 ans là, et il ne faut pas mourir sur scène !
Vous semblez toujours très attentive aux affaires de la cité.
Je suis très préoccupée par les dettes publiques, il y a du boulot Et localement, je suis inquiète sur la métropole. Il y a dix ans, il y avait un Comité Grand Lille et des gens qui apportaient quelque chose. Bruno Bonduelle, on peut le critiquer, mais cest du Comité Grand Lille quest née la candidature aux JO et à Lille 2004. Où sont les grands projets ? Quand on sait quil faut 14-15 ans pour les mener à terme Jai limpression quon a des élus qui disent : « Dormez, on fait votre bonheur ». Il me semble quà Lyon, Nantes ou Bordeaux, il y a de vrais relais dopinion. Ici tout est fermé, avec un grand chapeau par-dessus. Où sont les espaces de discussion collective ?
Vous avez un profil atypique, doù vous vient-il ?
Je suis née dans la banlieue rouge, à Vitry-sur-Seine, avec un père ajusteur monteur syndicaliste communiste qui bouffait du patron ! Je suis baroque, jaime faire exister les contraires. Dans ma vie publique, jétais perçue comme un Ovni. Je suis inclassable et je le revendique.
On imagine que vous êtes une fondue de concerts, avec le Zénith ?
Pas vraiment Le Zénith, cétait tard, cétait tout le temps, et javais ma petite fille à lépoque. Je suis incapable de suivre un concert complet ! Au bout dun moment, je sature, notamment lopéra. Mais ça dépend David Bowie, jen aurais redemandé encore 2 heures, Diams aussi.
Allez-vous au cinéma ?
Oui bien sûr, je suis très normale, pour prendre un mot à la mode. Je peux voir Margin Call sur la faillite de Lehman aussi bien quIntouchables.
Vous êtes revenue dans lunivers de lentreprise, que vous aviez fondée avec votre mari avant son rachat. Cest la routine ?
Cest forcément compliqué. Mais jai la chance dêtre dans une activité au champ très large, avec 90% dactivité à lexport, dans 44 pays, avec 25 filiales. A la tête des RH dun groupe comme ça, vous nêtes pas dans le gris, cest assez riche. Et jai un rôle de conseil en stratégie auprès du président.
Ce profil vous amène à voyager constamment. Le faites-vous aussi à titre personnel ?
Les voyages, jadore ça ! Je rentre dArgentine où jai passé dix jours fantastiques. Et ma fille aînée vit au Brésil, on va souvent la rejoindre. Jai un bilan carbone catastrophique ! Mais je ne fais pas beaucoup couler leau quand je me lave les dents Je suis sensible aux questions denvironnement. Il faudrait être autiste pour ne pas lêtre.
Recueilli par O.D.
Dorothée Da Silva est DRH du groupe Horiba. Elle est basée à Villeneuve-dAscq (80 salariés).
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