Delecroix Construction cueille les fruits d’une transmission réussie

« Le plan social de Sodemeca-Michelin à Noyelles-les-Seclin a été un déclic. J’ai finalement vu cet événement comme une opportunité ». Pas question de rester salarié pendant 40 ans et de déménager pour celui qui a occupé, en France et en Asie, les postes de concepteur puis de responsable qualité et méthodes. Des conditions de départ favorables le convainquent de reprendre une affaire. Le quadra s'organise alors pour rebondir. Pour compléter sa formation d’ingénieur, il intègre un Executive MBA à l’Edhec en parallèle de son travail. « Une période pour s’oxygéner et trouver une entreprise », se souvient-il. Son cahier des charges ? Rester dans un domaine technique, produire, dans une petite structure à développer, si possible à l’international, dans un rayon de 50 km autour de Lille.

Nombreux soutiens

Pour dégoter la perle rare, il s’entoure et  se constitue un réseau en se rapprochant de la chambre de commerce de Lille et des Cédants et Repreneurs d’Affaires (CRA). En six mois, il obtient un « entretien clé » avec Nord Transmission qui lui propose Delecroix Constructions. Une TPE créatrice et constructrice de machines de récoltes agricoles, un segment peu concurrentiel. S’ensuivent lettre d’intention, audit financier et autres montages de dossiers, et une phase de négociations accompagnée par le cabinet de fusion-acquisition Expert & Co. « Le scénario idéal puisqu’en neuf mois tout était bouclé ! », se surprend encore le dirigeant, également lauréat du Réseau Entreprendre Nord dont il a obtenu un prêt d’honneur de 40K€.

Pour financer les 310 K€ nécessaires à l’achat de sa société, reprise officiellement le 1er janvier 2011, il a mobilisé sa prime de départ, un prêt bancaire (garanti par Oséo) et le soutien de Total Développement à hauteur de 40 K€. Un prêt d’honneur du réseau Flandres Intérieur Initiative (15 K€) est venu compléter le financement.

Passage de témoin

Le premier bilan est prometteur. En un an, le CA est monté de 930 K€ à 1, 25 M€ en 2011 et devrait croître de 10% supplémentaires pour 2012. En presque deux ans, les effectifs ont augmenté d'un tiers, à 9 salariés. L'un d'entre eux n'est autre que Denis Delecroix, le fondateur de la société. Approchant l’âge de la retraite et souhaitant pérenniser son activité, l’inventeur de machines de transformation de brocolis et de choux-fleurs (deux brevets européens) a décidé en 2010 de céder son entreprise. Mais le passage de témoin d’une durée initiale de trois mois est devenu une collaboration quotidienne. « Un super atout » pour le nouveau gérant. « C’est un créateur et nous avons encore beaucoup de projet à déployer » souligne-t-il.

Déjà présent en Belgique et en Suisse, Jean-François Toubeaux ambitionne désormais de vendre ses machines en Angleterre. Une clientèle qu’il tentera de séduire, accompagné par Ubifrance et grâce à son expérience d’expatrié. J.D.