Dans les coulisses du… Centre d’innovation des technologies sans contact

CITC-EuraRFID. Un nom abscons pour le profane... Poussons la porte, au rez de jardin d’Euratechnologies. Chekib Gharbi nous accueille, très occupé mais patient et rompu à la vulgarisation. Le mathématicien formé à la gestion de projet en commerce électronique et aux sciences de l’information, passé par Digiport, dirige ce cluster. Sa mission ? « développer un écosystème autour de la problématique de l’Internet des objets », selon un modèle qu’il décrit comme unique en France. « Il existe des organismes facilitateurs, des centres de recherche qui réalisent des tests techniques… nous, on fait tout. » Tout, c’est à la fois de la recherche à la croisée de l’électronique, des télécoms et de l’informatique, du transfert technologique, des tests, de l’accompagnement de projet et de la diffusion d’info sur les avancées en matière de mobilité, traçabilité et géolocalisation.

Créée le 29 janvier 2009 sous l’impulsion du démiurge d’Euratech, Pierre de Saintignon, l’association est présidée par Isam Shahrour, vice-président de Lille 1, et soutenue par l’Europe, l’Etat, la Région et Lille Métropole, pour laquelle elle a porté – et remporté – le label « territoire leader du mobile sans contact ». Formée de quatre collèges (universités, institutions, organismes chargés de normalisation, et grands groupes et Pme), elle compte 66 membres, dont 43 entreprises, 9 établissements de recherche, 11 pôles de compétences. A l’effectif : 7 personnes, docteurs et ingénieurs – ou apprentis – et une assistante.

Chaîne logistique en éprouvette

Agréé crédit impôt recherche, le CITC intervient sur différents plans. Le plus visible est sa plateforme de démonstration : « On a reconstitué à petite échelle une chaîne logistique ». Ici, la supply chain est passée au scan de toutes les innovations, supervisée par Nicolas Debray, ingénieur projet (codes barres 1 ou 2D transformés en tags RFID, portique de lecture instantanée de palettes…), sous la houlette de l'ingénieur projet Nicolas Debray. Une action collective a été lancée en 2011 auprès des Pme, avec la Direccte, pour les aider à intégrer ces technologies. Au programme : diagnostic stratégique, aide à la rédaction du cahier des charges, accompagnement au changement.

Autres équipements, un banc d’essai consacré aux cartes sans contact, ou encore une sonde isotropique, pour mesurer les champs électromagnétiques et les impacts sur la santé. S’ajoutent les dimensions sociétale, éthique et durable. Les enjeux des technologies de radio-identification sont surveillées dans tous les domaines de la vie économique et privée.

La ville de demain

Parmi les actions collaboratives en cours : une étude avec l’IEMN pour le déploiement de réseaux de capteurs sans fil dans le béton pour suivre l’évolution des ouvrages de génie civil, ou un programme de recherche pour développer la RFID dans le transport ferroviaire. L'asso monte en régime en 2012. Elle veut développer sur les démonstrateurs mobiles, comme celui sur l’habitat intelligent présenté au dernier salon des services à la personne. Et pour 2013, un guide des bonnes pratiques autour des « smart grids » avec le Cd2e, dans le cadre d'un partenariat noué sur le recyclage et la traçabilité des déchets.

Le volet formation est aussi très porteur. Outre l'offre de stages, qui entrent dans sa mission de prestation de services (68 K€ de CA en 2011), le CITC développe avec ses partenaires des mastères spécialisés, à l’instar de Créacity, un cursus à bac+5 porté par Polytech Lille avec Sciences Po Lille et l’IFSTTAR à Valenciennes, autour des technologies numériques et de l'ingénierie urbaine.

Pour l’avenir, le CITC rêve d’une chaire internationale. La planète sans contact en mouvement.

Sophie Pecquet