Crime Scene Technology révolutionne la police scientifique
Le petit flacon de liquide rouge de 20 grammes pourrait faire croire à un additif pour essence. Pourtant le lumicyano pourrait bien être aussi important pour la résolution des crimes que l'invention des empreintes digitales, déjà française au demeurant. C'est en tout cas la conviction de Cosimo Prete, lillois d'origine italienne. A 33 ans, ce scientifique de formation, féru de veille technologique, a passé quatre ans dans la police scientifique de Lille. Le temps de découvrir qu'il n'existe pas de liaison entre le monde opérationnel et celui de la recherche. « Moi qui ai un pied dans les deux mondes, j'ai voulu relier les deux », explique-t-il. C'est avec le laboratoire PPSM (Photophysique et Photochimie Supramoléculaire et Macromoléculaires) de Normale Sup Cachan que le produit aura été conçu. Le professeur Pierre Audebert, qui le dirige, mène depuis dix ans des recherches sur de nouveaux colorants, les tétrazines. Un champ qui intéresse directement les procédés de révélation des empreintes sur les scènes criminelles. « Cela va révolutionner la police scientifique », anticipe le Pr Audebert. Car le système actuel, bien connu des amateurs des Experts à Miami, présente beaucoup de faiblesses : la révélation des empreintes par évaporation de cyanoacrylate (com- posant des super glues), sous chambre de fumigation, produit des empreintes blanches, peu lisibles quand elles sont sur fond blanc. Leur coloration par spray exige un rinçage a posteriori qui dégrade les traces ADN. Et le procédé est long, et coûteux en ressources humaines.
Préservation de l' ADN
Le produit développé et mis au point par l'équipe du Pr Audebert, associée à Cosimo Prete, en lien avec l'institut médico légal lillois, le département anthropologie de Lille 2 et la fac de médecine, évite ces écueils : « le lumicyano est compatible avec toutes les autres techniques de révélation. Sa fluorescence permet de gagner en contraste et on ne risque pas d'abîmer l'ADN », souligne le créateur. Autre intérêt : le produit, dont le brevet mondial est détenu à 70% par M. Prete et à 30% par le monde académique, utilise le même procédé que l'ensemble des polices scientifiques du monde. Les perspectives économiques sont donc internationales, même s'il s'agit d'un marché de niche. Le laboratoire PPSM est intéressé aux revenus.
Cosimo Prete, qui a monté sa société, Scene Crime Technology, en 2010 à Villeneuve d'Ascq, externalise toute sa production, dont il tait la provenance. « Tout est fait en France », précise-t- il néanmoins. La société s'est déjà ouverte à d'autres équipements de police scientifique. L'utilisation d'une tétrazine est également envisagée pour des applications de marquage industriel. Au-delà, Cosimo Prete voit sa société comme une structure de R & D appelée à créer des outils pour les enquêteurs et, in fine, la résolution d'affaires.
Autant de perspectives qui supposent un changement de braquet pour le jeune dirigeant. S'il a bénéficié de l'aide de la CCI Grand Lille pour son démarrage, l'heure est à la levée de fonds pour assumer la montée en régime prévue. A bon entendeur...
Olivier Ducuing
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