Christophe Pund, Au plus haut d'essieux
Le bureau de Christophe Pund parle plus que de longs discours. Pas de table basse ni de tapis persan mais ... une voiture de course pour accueillir le visiteur. Une Lotus vert impérial à la carrosserie rutilante trône au milieu de la pièce, aux étagères remplies jusqu'à la garde par des centaines d'ouvrages spécialisés sur les voitures de course depuis la guerre. Quelques pièces mécaniques éparses surnagent de monceaux de documents, lettres et photos historiques. Seule une hélice d'avion déroge dans ce temple de la voiture ancienne.
Nous sommes en flandre intérieure, chez un des plus grands spécialistes au monde. Ce Dunkerquois d'origine s'est très tôt intéressé aux objets anciens. Le jour de sa communion, il se souvient d'être allé en aube chiner dans une brocante. Le virus l'a poursuivi au point de vouloir devenir commissaire priseur. Après sa capacité en droit, il entre comme stagiaire chez Drouot à Paris avant d'intégrer l'étude Poulain (devenue Arcurial). Sur les conseils d'un professionnel, il se spécialise dans les vieilles championnes automobiles. Un virage qui se concrétise avec éclat en 1992 : séduit par une voiture la fameuse Lotus verte, il demande au vendeur le délai du week-end avant de répondre. Le temps de l'inventaire de toute sa collection d'objets anciens qu'il finira par vendre. Son expertise l'amène aussi à piloter des émissions de télé chez Canal Jimmy, une fois par mois. Et à enrichir ainsi son carnet d'adresses international lors des grands rendez-vous comme les 1000 Miles en Italie, le tour de France automobile ou Goodwood, en Grande-Bretagne.
Retour dans le Nord en 1995. Fort de son réseau et de son savoir encyclopédique, Christophe Pund se met à son compte, à Bondues. Peut- être le virus familial, son père ayant lui-même créé Sécurflam, société de matériel d'incendie à Bergues. Rapidement, son activité se met en route. Avec la vente à un Italien de la Lotus verte, restaurée, lui assurant une belle plus value (il la rachètera par la suite). Peu à peu, les volumes de vente grimpent. En 2000, le Nordiste déménage sur les hauteurs de Cassel. Une situation qu'il juge parfaite. Pas seulement pour organiser tous les deux ans un pique-nique automobile couru dans toute l'Europe, qui réunit 600 passionnés. « Je pourrais travailler partout mais ici je suis près de tout, entre Bruxelles, Londres et Paris, ou Anvers, où arrivent les conteneurs. J'ai vendu plus de voitures au Japon qu'à Lille », sourit-il. Car ses véhicules sont exceptionnels et leur marché, international. Leurs pedigrees, à faire pâlir. Telle cette Bugatti 51, vainqueur de Monaco en 1933, acquise il y a deux ans aux enchères pour près d'un million d'euros et revendue un an plus tard avec un gros bonus. Ou comme cette Triumph Dolomite 8 cylindres, produite à trois exemplaires au monde, qui fut la plus grosse vente en France il y a quatre ans. Il y a quelques mois, il a vendu quatre véhicules Lambert, classées monuments historiques, reconnues d'intérêt patrimonial majeur, au musée automobile de Mulhouse.
Le roi des OSCA
Christophe Pund a surtout jeté son dévolu sur les OSCA. Il a négocié près de 20% des 120 voitures jamais produites par cette écurie montée par les frères Maserati après qu'ils eussent revendu leur marque et leur nom. Il court les bourses mondiales de pièces détachées, comme Goodwood, en Grande-Bretagne, pour faire ses courses. « Pour les OSCA, j'achète tout ! » Une OSCA est en réhabilitation chez un ami mécanicien à Bavinchove, tandis qu'une autre attend son heure dans un hangar chez lui (photo).
La première n'est autre que la championne du monde de vitesse en 1955, à 261 km/h sur le lac salé de Bonneville. Au palmarès de ce 1500 cc, pas moins de 18 records internationaux de vitesse. « C'est la rareté, la technicité, l'historique et l'esthétique qui font le prix », relève Christophe Pund, qui s'apprête à exposer ses véhicules à la grande expo Rétromobile à la porte de Versailles. Avec une quinzaine de ventes par an, dont 3 ont dépassé le million d'euros dans sa carrière, son Eurl Galerie des Damiers affiche une structure financière très atypique. En 2013, il aura dépassé les 2 millions d'euros de chiffre d'affaires pour une rentabilité de belle facture. O.D.
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