Carolyn Carlson, poétesse visuelle

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[caption id="attachment_12081" align="alignleft" width="302" caption="Crédits : Frédéric Lovino"][/caption]

Dans Dialogue avec Rothko vous interprétez vos poèmes. Comment avez-vous découvert ce peintre?

 

Lors d’une exposition au Musée d’art moderne de Paris consacrée à Rothko. Je ne l’ai pas connu. Mais quand j’ai vu ses tableaux, j’ai été choquée. La méditation, la pureté, c’était inexplicable, un peu comme mon travail. Son tableau noir sur rouge m’a inspiré des haïkus (poèmes japonais). En lisant mon livre, quelqu’un m’a dit, pourquoi n‘en fais-tu pas un solo   ? J’ai dit, oui pourquoi pas. Parce que lui aussi travaille avec l’essentiel. Ce n’est pas imiter Rothko mais juste se demander qui est-il   ? C’est intéressant parce que ses 100 dernières œuvres ne portent pas de titre, juste les couleurs utilisées.

 

Quel bilan tirez-vous de votre passage à Roubaix?

 

C’était une riche expérience, inoubliable et la première fois dans ma carrière où j’ai vraiment pu travailler avec les habitants et la ville. Ici c’est génial, j’ai le staff dont je suis très proche. Mais le plus important c’est ce que nous avons fait dans la ville et avec les écoles. Avec par exemple, Danse Windows joué dans toute la région. Quand j’avais 22 ans, je vivais dans un quartier un peu défavorisé de New York mais les gens y étaient vraiment gentils. Je retrouve la même chose ici. Les briques, le multiculturalisme, je me sens à l’aise.

 

Un moment fort de votre carrière au CCN?

 

C’est à la piscine de Bruay-la-Buissière, avec Water born. C’était incroyable parce qu’on travaillait à l’extérieur. Nous avions l’eau, les arbres, les étoiles, la pluie, le brouillard. C’est étrange, parce que je suis très proche de la nature. Là-bas, c’était très spécial.
A chaque moment, nous avons un miracle. Je le vis ici avec le public quand il applaudit. Je me dis que peut-être je change quelqu’un. Je n’ai pas besoin de prix, ça c’est un honneur incroyable. Je crois qu’en 8 ans ici, j’ai donné un espoir. Je touche l’ordinaire des gens.

 

Comment enseignez-vous?

 

L’enseignement c’est ma vie, c’est communiquer, donner des idées. Cela vient de mon maître de New-York, Alwin Nikolais (NDLR   : dont elle fut soliste de 65 à 71). Il n’est pas une technique, il est des idées. Il a toujours travaillé avec le temps, l’espace et le mouvement perpétuel. C’est abstrait et un peu scientifique. Il plie l’espace. Moi je rejoue sa poésie en essayant de toujours frapper les gens. Je leur donne un chemin, pas une technique.

 

Comment abordez-vous votre départ en décembre?

 

Je ne suis pas triste parce que j’ai la gratitude. Mais oui, j’ai de la nostalgie. Ça restera toujours avec moi, comme lorsque j’ai quitté Venise. Quand je pars d’ici, je pleure. Je laisse les vibrations dans le studio. Mais c’est bien que quelqu’un d’autre arrive.

 

Vous pensez à votre succession?

 

C’est un jury spécial qui choisira, je donnerai juste mon conseil. Il s’agit aussi d’un choix politique. L’art, c’est du business aujourd’hui. Avant, on choisissait les spectacles qu’on avait envie de faire. Désormais, on se demande   : est-ce que la pièce va marcher   ?

 

Quels sont vos projets pour l’après-Roubaix?

 

En 2013, nous allons danser pour l’Opéra de Bordeaux, l’Opéra de Paris, puis il y a le spectacle avec Bartabas, We were Horses en juin. Pour 2014, tout le monde sait que je pars et me rappelle. J’irai à Helsinki puis au théâtre de Chaillot. C’est mon karma, je danse à 70 ans, c’est incroyable. J’ai un cadeau, il faut continuer. Les choses viennent parce qu’il faut que je fasse ça. Quelqu’un m’a dit   : quand prends-tu ta retraite   ? Retraite de quoi   ? De la vie   ? Regardez Maurice Bejard   ou Martha Graham   !

Recueilli par Julie DUMEZ

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