Bilan mitigé pour la télévision régionale
Quel bilan tirer de la télévision régionale quatre ans après la création de Weo, dont les émissions ont démarré le 17 avril 2009 ? C'est à ce travail que se sont attelés à la fois l'inspection générale du conseil régional et un groupe de travail « télévision », associant élus et représentants des services.
La société d'économie mixte Télés Nord Pas de Calais, associant le conseil régional (majoritaire), les départements du Nord et du Pas-de-Calais, la CDC, le Crédit Agricole Nord de France parmi les principaux actionnaires, détient 28% de la société Images en Nord. Celle-ci est majoritairement contrôlée par la Voix du Nord (52%) au côté du Crédit Agricole (20%). Images en Nord est majoritaire chez Wéo, la principale télévision régionale. Le rôle de la Sem est déterminant dans le modèle économique des télés locales, à travers un contrat d'objectifs et de moyens (COM) qui représente un budget annuel de 3,270 M : 2,18 M pour les programmes « de flux » (infos locales, actus sportives et culturelles, magazines, événementiel...), 545 K au titre d'un fonds de développement des programmes des TV régionales (14 en tout), et autant pour les programmes « de stock » (docu, fictions, séries).
Le rapport de l'inspection générale, prudent, dresse un bilan chiffré des productions, des audiences, des indices de satisfaction, des partenariats. On relève un certain nombre de réserves sur le dispositif actuel : le rapport note ainsi que les petites télévisions locales regrettent une valorisation insuffisante de leurs programmes par Wéo, qui ne leur accorde aucune fenêtre de programmation contrairement aux engagements initiaux. Il souligne un risque d'évolution à double vitesse des TV locales, selon leur taille et leurs moyens.
Le rapport relève que sur la période 2010-2012, Wéo a montré une présence de terrain insuffisante et « un manque de proximité des émissions », tandis qu'il regrette « une connaissance insuffisante des grands dossiers régionaux de la part des journalistes reporters d'images qui composent la rédaction ». Autre critique : le manque d'interactivité entre la chaîne et ses téléspectateurs, « un sentiment de rediffusion continuelle des émissions » et la « perception d'une chaîne trop lilloise ».
Les résultats d'audience sont peu lisibles malgré certaines données nettes : par exemple, Wéo n'arrive pas à pénétrer le segment des jeunes spectateurs. Elle affiche une bonne notoriété (49%), mais un niveau de satisfaction médiocre, puisque Wéo atteint le 14e rang sur 23 chaînes régionales testées (enquête CSA). Mais le panel Médianord il est vrai créé par le groupe La Voix lui-même- donne des résultats meilleurs : Wéo afficherait une attractivité de 67%.
Le groupe de travail régional, de son côté, a planché en mars et avril sur le sujet. La SEM permet selon lui un fort effet de levier pour favoriser le cofinancement de productions (20 docus/an, des captations et des mini fictions). Les élus regrettent que la coopération initiale prévue entre le CRRAV et la Sem n'ait jamais abouti. « A contrario s'est installée une concurrence latente entre les deux structures », relève le compte rendu. Parmi les difficultés figure bien sûr la dimension financière : la pub nationale devait atteindre un tiers des recettes de Wéo dans son business plan, une part qui « est très loin d'être atteinte » peut-on lire sans plus de détail.
Par ailleurs, l'avènement de Grand Lille TV et d'Opal TV, mais aussi l'élargissement de la TNT a partagé un marché publicitaire tendu entre davantage d'acteurs. Grand lille TV, auditionnée par le groupe de travail, a d'ailleurs vivement critiqué, par la voix de son directeur Bruno Lécluse les aides publiques aux télévisions, « limitées dans le projet initial à un tiers du budget et qui représenteraient actuellement 70% du budget ». La télévision privée qui couvre aujourd'hui 70% du territoire régional- a d'ailleurs assigné le conseil régional au tribunal administratif.
Le directeur général du groupe La Voix, Jacques Hardoin, auditionné par le groupe de travail, a quant à lui plaidé pour une reconduction pour cinq ans du partenariat. « Avec les difficultés structurelles et conjoncturelles actuelles, notamment la baisse des recettes publicitaires de la presse, le non renouvellement du COM par la région marquerait un arrêt de la chaîne », indique -t-il en substance. La balle est dans le camp des bailleurs de fonds, à lheure où la disette des crédits est criante. Dossier brûlant.
Olivier Ducuing
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