Be Mobile se branche sur l’autopartage électrique

Les Twizy et autres voitures électriques fleurissent dans la cité balnéaire du Touquet. Aux commandes, l’Arrageois Philippe Morand, jeune et fringant sexagénaire, encore loin de la retraite. C’est en juillet dernier, il a crée Be Mobile, service de location de voitures électriques dont il prépare la mutation en autopartage. Cet autodidacte, collectionneur de belles carrosseries dit vivre sa troisième vie professionnelle. Il fut d’abord directeur d’une agence Audi à Pernes-en-Artois, avant de devenir expert immobilier en valeurs financières. Puis, convaincu de la nécessité de changer la mobilité urbaine et de l’aberration du diesel en ville, « le virus de l’entreprise m’a repris ».

Il énumère avec sa gouaille de concessionnaire : « un moteur électrique égale 95% d’efficacité, peu d’entretien, pas de pollution, des avantages pour les sociétés, un coût 8 à 10 fois moinder qu’une voiture classique : un vrai tapis volant ». En un mois, il monte un tour de table avec trois autres associés mais garde le pilotage (49%). Avec 10 000 euros et deux Twizy achetées sur fonds propres, Be Mobile devient opérationnelle le 13 juillet. Et le courant passe ! Avec un terrain loué au cœur du centre-ville, il réussit à toucher 800 personnes pendant l’été, soit 25 000 km parcourus. Il s’agit en fait de la première étape du business model de Philippe Morand. Impossible de lancer l’autopartage de but en blanc avec une rentabilité trop incertaine, il fallait d’abord faire connaître le produit. Et développer un système de gestion à prix serré. Pour cela, il travaille avec la société ADN, forte d’une solution de reconnaissance sans contact (NFC) via smartphone. Réserver par Internet et récupérer n’importe où son véhicule devient alors un jeu d’enfants.

Autopartage publicitaire

L’entrepreneur doit trouver à employer ses véhicules en basse saison : il opte pour la pub, ses voitures devenant les meilleurs VRP des boutiques locales. Il se projette même sur de « l’autopartage publicitaire » : les commerçants d’une rue pourront mutualiser leur campagne sur une unique voiture. Il leur propose également un Kangoo Z.E., idéal pour des livraisons ponctuelles. Si le volubile gérant fait avant tout du green business, il n’en oublie pas moins d’y attacher certaines valeurs sociales en instaurant un tarif pour les auto-entrepreneurs et demandeurs d’emploi. Il s’adresse même parfois à eux pour assurer la rotation des voitures dans le cadre d’une campagne publicitaire.

Bouillonnant d’idées, il multiplie alors les sources de revenu. Besoin d’installer une borne de rechargement dans une copropriété ? Il vous conseille et joue les entremetteurs avec Renault si l’envie vous prend d’acheter une voiture électrique, cours d’éco-conduite en option. Il doit d’ailleurs recevoir en avant-première la Zoé de la marque au losange, dont il est très proche.

Avec aujourd’hui onze véhicules touquettois plus une twizy à Arras, il compte bien agrandir son écurie dans plusieurs villes de la région. Saint-Omer et trois villes de la métropole lilloise ont déjà montré des marques d’intérêt. Une perspective confortée par l’ambition du plan régional de développement de la mobilité électrique.  Objectif pour Be Mobile : 50 véhicules dès la fin 2013 pour un CA de 400 K€.

Julie DUMEZ