Ankama projette son avenir sur grand écran

Le projet mijotait depuis 2009 dans l’esprit d’Anthony Roux, alias « Tot », co- fondateur et directeur de la cre?ation d’Ankama. Au final, ce tout premier film, premier volet d’une trilogie et re?alise? dans son inte?gralite? dans le studio roubaisien aura cou?te? pas moins de 8,3 M€ finance?s pour moitie? en fonds propres. Et mobilise? pendant 18 mois une e?quipe de 100 personnes. Sa sortie marque a? la fois un aboutissement et un de?fi risque? dans la strate?gie de de?veloppement de l’entreprise dont le CA e?volue entre 35 et 40 M€.

Voila? 10 ans que le studio de?cline sur plusieurs supports me?diatiques les aventures e?pico-burlesques de ses personnages japonisants. D’abord agence de com lors de sa cre?ation en 2001, Ankama devient en 2004 e?diteur de jeux vide?o avec le lancement de Dofus, jeu en ligne massivement multijoueurs adapte? l’anne?e suivante en manga. La se?rie, dont le 22e tome est sorti en mars 2015, s’est depuis e?coule?e en 1,5 million d’exemplaires. « Nous avons commence? par la bande dessine?e pour faire des de?dicaces dans les librairies et nous rapprocher de nos fans », raconte Anthony Roux. Wakfu, 3e jeu e?dite? par Ankama, connai?t la me?me e?volution et envahit le petit e?cran sous forme de se?rie anime?e. 53 e?pisodes re?partis en deux saisons sont diffuse?s de 2008 a? 2014 sur France 3 pour un investissement de 16M€.

Fide?liser la communaute? de fans
Mais si le succe?s est inde?niable, les filie?res BD et animation sont loin d’e?tre les plus rentables. « Les jeux vide?os repre?sentent 70% de notre CA », pre?cise Anthony Roux. Alors pourquoi un investissement cou?teux et risque? ? Fide?liser la communaute? de fans et donner du relief a? la fiction. « Le but c’est que tout se re?ponde et de faire exister notre univers avec plusieurs portes d’entre?e », explique Anthony Roux. Et surtout contourner les me?thodes classiques de communication. « Nous perdons beaucoup d’argent sur la structure animation mais c?a nous a cre?e? un vrai bouche a? oreille qu’on aurait jamais eu », confie Anthony Roux re?fractaire aux de?penses publicitaires. « Ca m’e?nerve de de?penser 2M€ par an en pub me?me si c?a nous est arrive? d’en faire. Je ne peux pas, c’est visce?ral ! »
Avec « Dofus-Livre I : Julith », l’entreprise joue tre?s gros. Et n’attend aucun retour sur investissement. « Si on fait entre 500 000 et un million d’entre?es on sera content. 200 000 entre?es ce sera un fiasco », calcule Anthony Roux. Pourtant, l’e?quipe pre?voit de sortir un second long-me?trage de?s l’an prochain, une adaptation de Mutafukaz, une autre BD dessine?e par Ron artiste de la maison destine?e a? un public plus a?ge?. Cou?t du projet : 3,5 M€. L’entreprise poursuit son de?veloppement avec 5 nouveaux jeux attendus pour cette anne?e.
Anthony Roux re?fle?chit de?ja? a? une future plateforme offrant un acce?s unique vers tous les contenus produits par Ankama. Et n’exclut pas a? l’avenir de recourir au crowdfunding pour financer des dessins anime?s afin proposer des liens gratuits aux contributeurs.

E.V.