Agroalimentaire : le paradoxe régional

La filière agroalimentaire est complexe par ses multiples interactions : avec l'agriculture (circuits courts et volatilité du cours des matières premières), les contraintes réglementaires (sécurité alimentaire, environnement), les modes de distribution (MDD, restauration hors foyer...) ou encore les questions sociétales qui impactent les habitudes de consommation et les tendances du marché (du discount aux produits bio).

La région ne bénéficie pas d'une forte notoriété agroalimentaire alors qu'elle se situe au tout premier plan au niveau national sur de nombreuses filières - lait, produits de la mer, légumes, sucre - et qu'elle se hisse au premier rang des régions françaises exportatrices de biens agroalimentaires, comme le montre une récente étude d'ensemble de la CCI de région*.

Autre singularité, le Nord-Pas-de Calais se distingue par une dualité marquée de son tissu industriel. D'un côté de grands groupes régionaux et des entreprises leaders sur leur marché, à forte capacité de R&D, dynamiques à l'export (Roquette, Bonduelle, Lesaffre, Ingredia...). De l'autre, un tissu de Pme dense et diversifié, parfois dispersé. Enfin, la région est fortement présente sur les filières faibles au niveau national - céréales, pêche, pet food - et faiblement représentée sur les filières fortes, comme la viande qui emploie 20 % des salariés de l'agroalimentaire en France contre 4 % en région.

100 millions de consommateurs

La filière bénéficie d'atouts majeurs : proximité des marchés - 100 millions de consommateurs dans un rayon de 300 km -, densité des infrastructures routières et autoroutières qu'accompagne une forte filière logistique, agriculture puissante (70 % du territoire) et nombreuses matières premières présentes à proximité des sites de production. Autre atout : les entreprises elles-mêmes. Les industries agroalimentaires (IAA) régionales font preuve d'une bonne capacité d'innovation et leur niveau de productivité est généralement acceptable, conditions indispensables pour se développer tant sur le marché intérieur qu'à l'export. L'obligation de s'adapter aux contraintes réglementaires, la nécessité d'anticiper la volatilité des cours et les tendances de consommation sont au coeur de la réussite de la filière. Si les grands groupes se positionnent à la pointe de l'innovation process et produit avec une forte capacité R&D, bon nombre de Pme à potentiel ne bénéficient pas de ressources suffisantes en interne pour se développer ou simplement rester dans la course.

Construire un laboratoire fédératif régional

C'est pourquoi de nombreux services connexes à la filière sont présents en région (maintenance, sous-traitance) et notamment des outils comme l'Adrianor, centre de recherche appliquée au service des IAA dans l'élaboration de nouveaux produits. De nombreux acteurs et structures travaillent et coopèrent pour accompagner le développement de la filière : le pôle d'excellence régionale Agroé, les pôles de compétitivité Nutrition Santé Longévité (NSL) et Aquimer ou encore CCI International.
Un des enjeux clairement affichés lors des dernières assises du pôle Agroé est de renforcer les coopérations entre labos de recherche publics et privés et enseignement supérieur, pour construire à terme un laboratoire fédératif régional d'envergure, profitable aux industriels. La recherche comme la formation aux métiers de demain sont essentielles afin de pallier les manques dont souffre la filière aujourd'hui. Des enjeux qui confèrent au pôle Agroé un rôle majeur dans l'accompagnement des entreprises face aux défis auxquels elles sont confrontées.

Etude réalisée par Olivier Coumarianos, Direction des études de la CCI de région.

* Etude en téléchargement sur www.norddefrance.cci.fr - rubrique Economie régionale.