A Volute offre une troisième dimension aux sons

A écouter Tuyên Pham, il suffirait de quelques algorithmes bien choisis mis bout à bout pour passer d'un simple son stéréo à la spatialisation d'un son en trois dimensions. La réalité de cette technologie développée par la société A Volute depuis 2004 est bien plus complexe. Et la jeune pousse, actuellement implantée à Villeneuve d'Ascq, possède à coup sûr quelques longueurs d'avance sur ses concurrents

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Créée par deux ingénieurs de Centrale Lille à la suite d'un projet de fin d'études, de 1998 à 2000, la société développe depuis douze ans des recherches sur la spatialisation du son. " Les technologies audio sont très en retard sur celles qui permettent de lire actuellement des images en trois dimensions ", prévient d'entrée de jeu Tuyên Pham. Jusqu'à présent, les technologies permettant de recréer cet environnement sonore en 3 D n'étaient pas adaptées à toutes les ouïes. Mais avec leur procédé breveté " Nahimic ", c'est désormais chose faite !

dans les cockpits d'aéronefs

" Nos algorithmes permettent de leurrer le cerveau humain en lui faisant croire aux multiples provenances du son ", rajoute le jeune chercheur d'origine vietnamienne. Le son paraît donc provenir tout à la fois de l'avant, des côtés et de l'arrière.
" Rien ne s'est passé comme nous l'avions prévu ", reconnaît Tuyên Pham. " Nous avons développé nos premières applications dans le secteur militaire ". A Volute a encore été retenue en septembre 2009 pour participer à l'ambitieux projet européen Alicia. Celui-ci vise à intégrer le son 3D dans les cockpits d'avions et d'hélicoptères du futur. Ce projet quadriennal de 55 M€ réunit une quarantaine de partenaires, dont 19 industriels, sept centres de recherche, 11 Pme et cinq universités. Un aréopage dont Tuyên Pham n'est pas peu fier.

Face aux jeunes chercheurs, les militaires ont marqué une nette incrédulité sur les avantages supposés d'une telle technologie. Mais passée la phase de tests, ils ont du se rendre à l'évidence : " la technologie développée par A Volute était nettement supérieure ".

En atteste notamment le nombre de concours raflés par les deux jeunes centraliens dès leur fin d'études, multipliant diplômes et récompenses. " Ca nous a permis de structurer nos idées, d'imaginer notre future entreprise. Nous avions les bases de la technologie, il ne nous restait plus qu'à bâtir notre business plan et trouver nos financements ".
Aidés dès le départ par le Centre Frédéric Kuhlmann - devenu Tonic Incubation, A Volute a obtenu le soutien d'Autonomie et Solidarité et du fonds d'amorçage Inovam. Un second tour de table a par la suite ouvert les portes de l'entreprise à Nord Création, des fonds ISF et quelques business angels permettant de financer la recherche-développement qui consomme 400 000€ de budget annuel.

Le nouveau standard ?

Pour son dixième exercice, A Volute table sur un chiffre d'affaires de 300 000€ fin 2010. Elle veut aborder aujourd'hui une nouvelle étape.
Après les applications militaires, elle vient en effet de signer un contrat avec le numéro deux mondial des périphériques de jeu. " On a sorti en juillet 2009 un casque " gamer " qui permet de faire du 7 points virtuels. Nous avons également signé un dossier Oséo pour la création d'un moteur audio de jeux vidéo. Aujourd'hui, on travaille à l'amélioration du son dans les domaines du téléphone portable ou des PC ", explique Tuyên Pham qui lève un coin du voile sur la stratégie future de son équipe de 11 salariés.

A Volute veut se positionner sur le créneau des périphériques en bout de chaîne (PC, portables ou casques...) et remonter ainsi toute la chaîne de valeur. Elle vient de boucler une levée de fonds auprès d'Inovam, Nord Création et des business angels pour asseoir son développement international (Taïwan, Corée et USA).

Devant l'augmentation des débits rendue possible par la fibre optique, l'ADSL ou le satellite, le son dolby stéréo n'en a plus pour très longtemps à vivre.
Le son 3D pourrait ainsi devenir très vite le nouveau standard et A Volute la référence pour les opérateurs. L'ambition des deux centraliens ne manque d'ailleurs pas de souffle : " devenir la référence en audio 3D, associant le son 3D aux images 3D ". Les associés se donnent 12 à 18 mois pour passer à cette phase majeure. Des contacts sont déjà avancés... Mais dans ce domaine, les deux créateurs se veulent très discrets.