3 questions à Jean-Michel Lecerf

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Quel est votre regard sur le lien entre l'alimentation et le développement des maladies métaboliques, cardiovasculaires ou du surpoids ?
Comme observateur de santé publique, depuis trente ou quarante ans, il y a une nette aggravation de la prévalence du surpoids et de l'obésité, et même le poids moyen des individus change. La déviation importante de l'indice de masse corporelle coïncide avec le mode de vie, tant en termes d'alimentation que de sédentarité. Même si les gens mangent moins qu'avant. Il y a donc d'autres facteurs sur la survenue de l'obésité qui devient à un certain stade une maladie. On constate un gradiant socio-économique fort, avec dix fois plus de personnes en obésité dans les CSP-, et d'autant plus important chez les enfants.
Ce gradiant sous-tend d'autres facteurs comme les difficultés sociales, l'exposition à la télévision, mais aussi la disponibilité alimentaire c'est-à-dire la quantité de produits disponibles pour certains, je pense notamment à la mise sur le marché de produits très denses énergétiquement, l'augmentation de la taille des portions, les boissons sucrées... Mais je note aussi qu'il n'y a jamais eu tant de produits adéquats pour la ligne, de bonne qualité nutritionnelle.

Les industriels de l'agroalimentaire ont-ils bien intégré cette dimension sanitaire?

La prise de conscience devient importante, sous la pression du consommateur, des autorités sanitaires, du corps médical, peut-être plus pour les grandes entreprises qui essaient d'avoir un discours différent. Il y a toujours une ambiguité : une entreprise sait que ce qui se vend, c'est ce qui plaît, même si ce n'est pas toujours le plus adéquat nutritionnellement. Le consommateur est un peu perdu entre les crises sanitaires régulières et les messages de bien-être diffusés par les producteurs... La révision des allégations par l'agence européenne va conduire à les moraliser et les rendre plus correctes. Il deviendra impossible d'avoir une allégation non reconnue. Aujourd'hui les gens s'y perdent entre allégations plus ou moins vraies et trompeuses. Avec des effets contreproductifs parfois, des allégations santé pouvant inciter à manger plus, avec le risque que ce ne soit trop !

Va-t-on vers une alimentation à deux vitesses, les produits estampillés bons pour la santé et les autres ? Faut-il taxer les aliments gras et sucrés ?
Je suis opposé comme diététicien à ce qu'on qualifie les aliments de vert, orange ou rouge, au risque de discréditer complètement certains d'entre eux. C'est un peu arbitraire d'aller dans cette voie. Les critères peuvent être évolutifs. On peut consommer certains produits en petite quantité sans problème. La taxation n'est pas à mon avis une bonne solution non plus, d'autant que cela peut pénaliser davantage les gens des milieux les moins aisés. Nous, les diététiciens, nous n'aimons pas ce système binaire.

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