3 questions à Eric Platiau, Président du salon VAD de Lille
Quelles sont les grandes innovations du m-commerce?
Des applications qui vont vraiment faire du téléphone un outil dinteraction entre le distributeur et son client. On voit deux grands domaines se développer : celui de lachat sur le mobile. Mais aussi celui du service, avec des fonctionnalités dinformation du client, denvoi de promotions, de gestion de la fidélité. A terme, le téléphone pourra embarquer bien plus dinformations quune carte bleue. Ce qui est flagrant cest le pouvoir que le téléphone donne au consommateur et à quel point le mobile vient percuter le monde des magasins. Les enseignes réfléchissent toutes à faire évoluer le métier de vendeur, désormais mis au défi par des clients qui comparent les offres en magasin.
Quels sont les enjeux pour les enseignes? Aller vite ?
Ils varient selon les acteurs. Certains achats se prêtent plus que dautres au mobile. Quand les gammes de produits sont très larges, ou pour du textile, on remarque que la tablette est plus adaptée que le téléphone. Bien sûr, les enseignes doivent rapidement prendre le virage du mobile, mais elles doivent surtout adapter leur offre au bon outil : téléphone, tablette et ordinateur. Il leur faut être en veille permanente, regarder le monde tel quil évolue, et tester des choses. On sait que le paiement mobile est incontournable, pour le reste, on peut aussi essayer de créer des usages, comme le fait Apple et voir les réactions des clients. Quoi quil en soit, les applis qui percent sont celles qui facilitent la vie du client.
Le consommateur est de plus en plus sollicité, où mettre la limite?
En deux-trois ans, les progrès technologiques ont été très importants. La jeune génération est très « mobile » on le sait. Elle sadapte vite, et par ailleurs elle forme les séniors. La clef pour les enseignes cest découter le client et de rester unanimistes, de ne pas créer de blocage en allant trop loin. Lessentiel est de laisser la main au consommateur. Les possibilités offertes par la technologie peuvent se retourner contre les marques. Ce type de marketing peut vite devenir une addiction commerciale. Aux distributeurs de gérer au mieux.
MR
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Lunivers mobile, gisement de pépites à Euratech
Le cluster Euratechnologies a généré plusieurs belles success-stories dans lunivers du commerce connecté, quil sagisse de distribution de produits ou du jeu et des loisirs. Le jeu Paf le chien et ses 15 millions de joueurs dans le monde est lun des exemples les plus cités. Gratuit, le jeu disponible sur Facebook propose désormais des bonus payants, permettant doptimiser le score des joueurs. Un moyen pour Charles Christory, jeune DG de 26 ans, de booster les résultats dAdictiz. Lappli Critizr commence aussi à se distinguer. Cette boîte à idées virtuelle permet de publier des avis sur un point de vente ou un restaurant et à son propriétaire de répondre en temps réel. E-Fijy est spécialisée dans la réalité augmentée et les bornes interactives. Elle intervient notamment pour des enseignes telles quOxybul. Balumpa et son service de géosocialisation (cf ECO121 n° 24) est également issu du site Le Blan-Lafont. Positionné sur les activités culturelles et de loisirs, Balumpa informe sur les évènements en cours, autour dun point géolocalisé. Léditeur de logiciels Planet Word aide au choix de cadeaux, via un moteur de recherche intégrant des critères assez approfondis. Trust Designer facilite quant à lui lachat via un terminal mobile en intervenant dans le domaine de la sécurité informatique et des transactions. Stereograph, spécialisée dans les images de synthèses 3D a mis au point une appli pensée pour les centres commerciaux en construction. Elle permet de commander des produits en sapprochant des emplacements des futures enseignes.
MR
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Vers une plateforme mutualisée dédiée au commerce ?
Le projet de plateforme « RIC » (Retail Innovation Center) relève des 13 projets présélectionnés en août pour être promus et soutenus financièrement par Bercy, au titre du programme des investissements davenir (PIA), ou grand emprunt. Porté par le Pôle de compétitivité des industries du commerce, « RIC » a pour ambition de préparer le commerce aux évolutions majeures à venir, dans sa relation avec les clients, du fait de larrivée des nouvelles technologies. Ces « plateformes mutualisées dinnovation » visent à offrir aux entreprises, et tout particulièrement aux PME et aux entreprises de taille intermédiaires (ETI), des ressources mutualisées (équipements, personnels, services associés). Le but : leur permettre de mener à bien des projets de R&D. Et daccéder à des équipements de haute technologie quelles nauraient pas les moyens dacquérir ou dutiliser seules. Les treize candidats doivent désormais plancher sur lingénierie financière de leur projet. A priori, tous seront retenus, mais les dossiers jugés les mieux ficelés seront les mieux dotés par le Ministère. Le montant de la contribution du PIA devrait être connu en début dannée prochaine, pour un démarrage de la plateforme mi 2013. Après Nouvelles vagues (Aquimer) et Purifunction (NSL), RIC serait ainsi la troisième plateforme régionale.
MR
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Zoom sur
Mainline parie sur le push
Sarbacane, un des leaders de le-mailing, ne veut par rater le virage du mobile. Son directeur technique a créé une start-up positionnée sur la notification.
Le mail ? dépassé ! Lavenir est à la notification push. Les usages changent, les marketeurs sadaptent et des technologies émergent. A linstar de la plateforme denvoi de notifications push créée par Mainline, start-up née en mai à Hem. A lorigine, deux trentenaires, Matthieu Lacroix, issu de la communication, et Florent Michaux, actuel directeur technique de Sarbacane Software. Léditeur du logiciel de-mail marketing du même nom ayant investi 12000 euros de capital de départ, Matthieu Lacroix 8 000 et Florent Michaux 4000. Partant dun double constat, la saturation du mail et lengouement pour les applications mobiles, Mainline a développé un service denvoi de notifications. Autrement appelés messages push, ces contenus saffichent directement sur les smartphones, à condition que lutilisateur ait activé la fonctionnalité. Le secteur des médias a le premier investi ce canal de communication. Les distributeurs suivent. Les enseignes préviennent de plus en plus leurs clients de la disponibilité de leur commande par ce truchement.
La bonne offre, au bon utilisateur, au bon moment
Lidée ? Rapprocher les marques des utilisateurs de leurs appli mobiles. Autrement dit, envoyer la bonne offre, au bon utilisateur, au bon moment. Et pour cause, le taux douverture de ce type de message est très bon. Une notification est lue bien plus rapidement quun mail, qui nécessite que lutilisateur aille sur sa boîte. Pour accroître les chances de ferrer le consommateur, la technologie exploite les données de CRM et de géolocalisation. Exemple : une enseigne qui aura étudié la fréquence dachats de son client va lui proposer, au moment où il sapproche de son magasin, de commander les produits quil doit renouveler. « On part du principe que si les utilisateurs ont téléchargé une appli et activé la fonctionnalité push, cest quils ont une affinité avec la marque, et donc quils sont intéressés par des offres », explique Matthieu Lacroix, le dirigeant. La start-up a conçu une plateforme denvoi de campagne et une interface permettant aux marketeurs de gérer leurs campagnes denvoi. Simple comme un e-mail. Loutil permet de visualiser le taux de réception, douverture et de clics, pour optimiser les ventes sur mobiles. Ces campagnes peuvent générer une simple alerte ou une notification enrichie. Et renvoyer ainsi vers un contenu, que ce soit un mail ou un site. Lobjectif de la jeune pousse : être « modestement » à léquilibre en 2013. Avec pour stratégie de sadresser aux agences de communication, prescripteurs dun canal de communication encore peu connu.
MR
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Le m-commerce, liberticide ?
Des plaintes en hausse de 19% en 2011 (5738 dossiers), des contrôles en forte progression (25%), les chiffres de la CNIL* témoignent eux aussi de la percée dInternet. Le suivi dans le temps et dans lespace des consommateurs rend encore plus prégnante la question de la protection des données. La CNIL sadapte et évolue. En 2012, la commission a recruté douze personnes. Elle uvre sur le plan juridique et concentre létat du droit. Le consommateur doit donner son consentement de façon expresse pour autoriser lémetteur à conserver ses données, que ce soit pour des mails ou des notifications push. Il doit par ailleurs pouvoir retirer ce consentement à tout moment. La CNIL mène par ailleurs des opérations de contrôles. A priori, en analysant les déclarations et les demandes dautorisation faites par les entreprises. Mais aussi à posteriori, sur sites, pour vérifier la nature et la durée de conservation des données.
La Commission sest également dotée dun labo dédié à lanalyse des échanges entre les smartphones, les applis et les ordinateurs. Lobjectif : adapter des plans dactions dinformation et de pédagogie vers les usagers. « Avec la géolocalisation, le portable devient un concentrateur et un producteur de données personnelles, mais cela reste une boîte noire pour de nombreux utilisateurs » explique Judicael Phan, juriste de la CNIL.
Privacy by design
Les distributeurs semblent néanmoins conscients des risques quils encourent, quils soient juridiques ou commerciaux. La CNIL dit être de plus en plus sollicitée par les éditeurs dappli eux-mêmes. Elle a ainsi développé le concept de « Privacy by design ». Méthode qui consiste à intégrer la protection de la vie privée dès la conception dun produit ou service. Ce qui évite les sanctions éventuelles. Les entreprises ont compris lavantage concurrentiel que peut représenter une bonne gestion de leur réputation en matière de respect de la vie privée. Elles craignent davantage dêtre pointée du doigt comme liberticide que de payer une amende, même substantielle.
* Commission nationale de linformatique et des libertés
MR
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